« Le printemps des aînés » de la Villa Belle Rivière à Richelieu

Le Journal de Chambly a rencontré les résidants de la Villa Belle Rivière la semaine dernière, qui ont appris avec consternation que l’OBNL qui gère les logements sociaux de la maison de retraite de 60 appartements avait décidé de vendre l’endroit à des intérêts privés.

La rivière Richelieu coule moins tranquillement aux abords de la maison de retraite pour personnes autonomes la Villa Belle Rivière à Richelieu depuis quelques temps.

« Nous avons eu le printemps érable, voici le temps du printemps des aînés », lance avec une pointe d’ironie Sylvie Adam, porte-parole des résidants de l’endroit. Le journal avait donné rendez-vous à une vingtaine de locataires pour savoir comment ils avaient reçu cette nouvelle.
« On a reçu un courrier dans notre boîte aux lettres fin janvier, début février, pour nous dire qu’une offre d’achat avait été acceptée et que la signature chez le notaire serait effective en mars ou en avril. C’est tout », s’indigne une résidante. Au moment de la rencontre, la semaine dernière, l’ensemble des locataires espérait toujours motiver les administratrices de l’OBNL à renoncer à cette vente.

Tous les résidants présents étaient unanimes, souhaitant que le conseil d’administration fasse marche arrière. « Notre rêve serait que le conseil d’administration de la Villa Belle Rivière soit dissout, car il y a du monde pour prendre la relève. On comprend que les administratrices puissent être fatiguées de gérer la résidence, mais ce n’est pas une raison pour vendre à des intérêts privés qui vont, avec le temps, augmenter les loyers », nous explique une résidante.
Si le processus de vente se poursuit, les résidants sont prêts à se battre devant les tribunaux. La Fédération régionale des OSBL d’habitations de la Montérégie et de l’Estrie (FROHME) a déjà garanti aux locataires qu’elle assurerait le financement des procédures juridiques s’ils devaient en arriver là. « Les avocats font le nécessaire actuellement pour demander au tribunal une injonction, le temps que le litige se règle. Cela empêcherait toute vente pour le moment », précise Mme Adam.

Sans réponse
Beaucoup de questions restent en suspens et les locataires reprochent aux administratrices de ne pas leur répondre. « Comment peut-on vendre un OBNL qui ne leur appartient pas? » « On ne connaît même pas les acheteurs. Comment peut-on leur faire confiance? » « Tout s’est fait en secret, pourquoi? » « On nous dit que tout est beau, mais pour combien de temps? » « Avec le site que l’on a, c’est certain que si cette vente se fait, il y aura dans quelques années des condos. » « Si l’on prenait la peine de répondre à nos questions, on ne ferait pas de spéculations! »

Les résidants souhaitent poursuivre dans cette résidence une vie paisible sans se tracasser de la suite des choses, mais aussi en pensant à ceux qui prendront leur place. « On vit dans des logements abordables pour les vieux, mais on se sent jeunes. On va partir un jour, mais on veut que d’autres puissent en bénéficier. »
La situation déplaît profondément aux locataires, non seulement parce qu’ils ne sont pas informés des développements par le conseil d’administration, mais aussi parce qu’ils se disent victimes de malveillance. « Certains tentent de contacter la direction, par courriel ou téléphone, et on ne nous répond pas. Cela provoque de l’angoisse chez tous les résidants. Cela n’aide pas notre santé actuelle. »

Crise du logement social
« Avec la crise du logement social, comment il serait possible de trouver un autre logement à l’extérieur? Ce n’est pas fait pour nous sécuriser. »
« On est en sécurité, ici. Cela fait 14 ans que j’y habite. J’aimerais que cela dure encore 15 ans. J’y suis bien. »
Pendant toute la rencontre, Laurette, l’aînée des résidants, qui est âgée de 97 ans, était en accord avec tout ce qui se disait.

L’inquiétude, l’insécurité, le sentiment d’avoir été floués, voilà les émotions que partagent de la même manière les résidants présents lors de cette rencontre. Ils s’entendent cependant tous pour dire qu’ils resteront « combatifs. On ne se laissera pas faire ».
Dimanche, de 11 h à 12 h, la manifestation qui a réuni les trois partis d’opposition a été une nouvelle tentative de faire changer les trois représentantes du conseil d’administration de la Villa Belle Rivière.

Sans cela, l’affaire trouvera sa conclusion devant les tribunaux. Les deux partis ont déjà mobilisé leurs avocats.
Le service juridique de la Fédération régionale des OSBL d’habitations de la Montérégie et de l’Estrie (FROHME) assurera la défense des intérêts des locataires. Me Julien Poirier Falardeau représente le conseil d’administration de la résidence. « Les trois administratrices de l’OBNL ont toujours très bien géré la Villa Belle Rivière. Elles ont exploré toutes les possibilités pour assurer la pérennité de la résidence et elles en sont arrivées à cette conclusion. Elles ont pris en considération la situation. Même si elles sont extrêmement sensibles à la situation, tout a été pris en compte pour assurer la pérennité de la résidence. »