Les arbres ont aussi leur histoire

On ne le dira jamais assez, les arbres sont importants. Les Amérindiens le savent depuis longtemps; par leur observation et leur expérimentation soutenues, ils ont appris à les utiliser pour se soigner, se loger et se nourrir. Entre tribus, ils échangent conseils, recettes et semences. Ces renseignements bénéfiques servent à mieux vivre et se transmettent entre générations. La Nouvelle-France possédait (et possède encore) une diversité incroyable de végétaux. Pour les Amérindiens, les arbres jouent un rôle matériel et spirituel. Ils ne dépouillent pas un arbre de sa vie. Selon leurs besoins, ils n’entament qu’une partie de l’écorce ou des branches sur plusieurs spécimens sans nuire à leur croissance. Par exemple, l’écorce du bouleau blanc (Betula alba) servait à fabriquer des canots et des feuilles de parchemin pour écrire. Le hêtre à grandes feuilles (Fagus grandiflora) était utile pour tailler des rames à canots. La pruche (Tsuga canadensis) était une source importante de tanin destiné au tannage des peaux. Sa couleur rougeâtre était recherchée et son bois dur servait à faire des clôtures. L’écorce du tilleul d’Amérique (Tilia americana) était utilisée pour couvrir les habitations. Quant au cèdre blanc (Thuya occidentalis) les Français l’ont exploité rapidement pour fabriquer des bardeaux à toitures ainsi que des palissades des forts.  

Le cèdre et le sapin baumier (Abies balsamea) ont de grandes vertus médicinales. À l’hiver 1535-1536, l’équipage de Jacques Cartier faillit être complètement décimé par le scorbut, ainsi que certains Amérindiens du peuple Stadaconé (Québec). Cartier constate qu’un Amérindien retrouve la santé. Celui-ci explique qu’il a ingéré du jus et du marc venant d’un arbre miraculeux que l’on nomme Annedda. En infusion, les rameaux et l’écorce bouillis de cet arbre sont riches en vitamine C et favorisaient la guérison. Cartier a retenu que c’était un conifère, mais certains botanistes hésitent à affirmer si c’était bien le cèdre blanc ou le sapin baumier. On utilise aujourd’hui la gomme de sapin baumier comme antitussif et les maux de gorge. Et mâcher cette gomme garde les dents blanches.

Et que dire du noyer cendré (Juglans cinerea), qui produit des noix savoureuses. Ces noix se conservent très longtemps et on les utilise en confiserie. 

Le printemps est à nos portes, profitons-en pour observer le déploiement des bourgeons et en apprendre davantage sur notre richesse que sont les arbres.