Marieville : le parcours d’entrepreneuse de Bénédicte Tueam
Chimiste au Cameroun, Bénédicte Tueam a migré au Québec il y a près de 15 ans. Aujourd’hui, elle a trouvé son bonheur à Marieville, où elle a lancé son activité de jus de fruits faits maison.
Originaire de Yaoundé, au Cameroun, Bénédicte Tueam avait pour objectif de voyager. « J’étais chimiste dans un laboratoire. J’avais obtenu une maîtrise à l’université, ce qui était important pour moi, qui ai évolué dans une société dans laquelle les femmes sont souvent destinées au mariage et à s’occuper de la famille. J’aimais l’école et mes parents m’ont toujours soutenue dans cette voie. »
Intéressée par sa profession, la jeune femme a voulu aller encore plus loin. « Dans mon travail, je voyais d’autres chercheurs voyager et revenir constamment avec un plus. De mon côté, je n’avais pas cette chance, jusqu’au jour où je suis tombée sur une possibilité avec Immigration Canada. »
À peine débarquée au Québec, le 15 décembre 2010, Bénédicte Tueam effectue un rapide retour sur terre. « Je suis arrivée en plein hiver et j’étais très motivée. Mais je me suis heurtée à un fait durant mes premiers entretiens d’embauche, mon anglais n’était pas suffisant. Je me suis donc mise à prendre des cours financés par Emploi Québec. »
Dans le même temps, il fallait payer les factures et, par conséquent, trouver un plan B. « J’ai trouvé un emploi comme préposée au conditionnement de médicaments, rappelle-t-elle. J’ai attendu quatre mois pour avoir ce travail. C’était une période difficile financièrement et j’étais avec mon jeune fils. Le fait de ne pas trouver de travail dans l’immédiat a affecté ma confiance. »
Finalement, la chimiste expérimentée trouve sa place dans le milieu scolaire. « J’étais technicienne en travaux pratiques. J’assistais les enseignants durant les expériences à faire devant les élèves. Rapidement, je me suis aperçue que je savais réaliser les mêmes expériences que les professeurs. Par conséquent, j’ai postulé pour devenir professeure de sciences et technologies au secondaire dès ma deuxième année. »
Enseignante et entrepreneuse
Évoluant dans un domaine proche de sa profession au Cameroun, Bénédicte Tueam voit sa situation se stabiliser. « Mais je me suis souvenue de ma passion. En Afrique, déjà je faisais des jus de fruits. Peu après mon arrivée au Canada, un ami de mon frère a goûté et m’a conseillé de le commercialiser. Je ne m’étais pas rendu compte que cela pouvait être aussi intéressant. »
Ainsi, en parallèle de sa profession d’enseignante, l’ancienne chimiste développe ses habiletés pour lancer son activité. « J’ai mis deux ans à me décider, sourit-elle. J’ai commencé avec des commandes. Par la suite, j’ai dû me renseigner sur les procédures afin de commencer à vendre dans les épiceries. Je me suis aussi formée sur la création d’entreprise, comment trouver les bouteilles au bon format, comment rédiger les étiquettes apposées sur les bouteilles. La MRC de Rouville m’a accompagnée sur plusieurs étapes. »
Un nouveau monde s’ouvre à Bénédicte Tueam et ses jus Ben’s, un nom de marque lié à son prénom. « Avec le temps, je dois trouver le moyen d’augmenter ma capacité de production, de baisser mes coûts de fabrication et de développer ma marque. »
Dans cet univers loin de son Afrique natale, la Marievilloise assure qu’elle ne changera pas ses valeurs. « Je sais qu’un jour, je devrai choisir entre le profit et la qualité de mon produit. Je propose des jus de fruits santé. Je veux que les gens consomment des produits frais. Dans l’avenir, je me vois comme quelqu’un qui forme les gens à bien se nourrir avec une industrie 100 % naturelle. Cela prendra des formations, mais aussi du soutien de ma famille et des proches. Au bout du compte, je ne regrette pas ma migration, car je ne me suis pas coupée de ma famille et je peux retourner au Cameroun quand je veux. »