Rapport déposé relativement au conflit à la Ville de Richelieu

Le rapport de l’observateur mandaté par la Commission municipale du Québec (CMQ) a été déposé. Celui-ci devait vérifier si les mesures déployées par la Ville de Richelieu et les engagements pris par le maire Claude Gauthier permettaient de corriger la situation problématique installée.

En janvier dernier, une enquête menée par la Direction des enquêtes et des poursuites en intégrité municipale (DEPIM) avait mis en relief de « multiples conduites d’ingérence, d’intimidation et de non-respect » de la part du maire de Richelieu, Claude Gauthier, envers des fonctionnaires. De plus, l’enquête révélait l’existence d’une importante confusion relativement aux rôles et responsabilités respectifs des élus et des membres de l’administration. 

Cette situation a « grandement » fragilisé la Ville et a « sérieusement » affecté le climat de travail puisque des tensions « importantes » ont été constatées entre le conseil et l’administration. Dans ce contexte, le sous-ministre aux Affaires municipales a demandé à la CMQ de nommer un observateur.

Plan du psychologue industriel

Le 4 décembre 2023, la Ville avait mandaté un psychologue industriel pour améliorer le climat de travail et l’efficience organisationnelle. À la suite d’une enquête de rétroaction, le psychologue industriel a été en mesure d’établir un diagnostic organisationnel. Un plan d’action, suggéré par le psychologue industriel, a ensuite été accepté par la Ville. « Toutefois, selon l’humble avis du soussigné, le plan d’action n’a malheureusement pas permis et ne permettra pas de corriger totalement la situation », est-il écrit dans le rapport.

Reprendre ses aises

Le rapport indique que la majorité des personnes rencontrées lors du mandat d’observation ne croient pas que le maire puisse changer, malgré ce qu’il prétend. Ces gens perçoivent chez le maire un certain sentiment d’impunité. Selon eux, le maire « reprendra ses aises » lorsque le mandat d’observation sera terminé. « Le conseil a accueilli favorablement les recommandations de l’observateur. On a tous un but : c’est de faire mieux. C’est un commentaire parmi tant d’autres. Le maire a le droit de poser des questions. La loi me le permet. Des fois, ça ne plaît pas, mais on s’améliore à travers tout ça », répond Claude Gauthier.

Conformer les récalcitrants

L’observateur écrit que, selon le maire, il faut « remettre les pendules à l’heure à l’hôtel de ville et les employés récalcitrants devront se conformer avec le temps ». « Il faut avoir un plan de match. L’observateur nous a remis un guide, un outil d’encouragement pour nous tous. Je reconnais qu’il y a eu des incidents survenus. On travaille de façon mutuelle pour que ce soit convivial. Je pense que l’on est dans la bonne direction, mais il faudra que certaines personnes tournent la page et regardent de l’avant », estime le maire.

Le rapport mentionne que des interventions de la Ville en tant qu’employeur à l’égard de certains employés peuvent être envisageables. « En effet, certaines attitudes discutables semblent avoir été adoptées par des employés durant le conflit et semblent perdurer, pour ne pas dire s’alimenter au sein de l’équipe administrative », est-il possible de lire. « Personnellement, je vois que l’on est dans la bonne direction. On a établi un plan de match. Oui, il y a eu des lacunes. On est là pour s’améliorer. Tout le monde se doit de travailler dans ce sens-là », affirme le maire.

L’observateur ajoute dans le rapport que « l’équipe administrative aurait tout intérêt à faire preuve d’ouverture et à démontrer une attitude positive, sans quoi la résolution du conflit sera très difficile ».

Sous-estimer les séquelles

Il ressort du rapport que le conseil municipal, la direction générale et les consultants retenus ont « sous-estimé l’ampleur des séquelles présentes » parmi l’équipe administrative. « C’est difficile à jauger, le degré de mécontentement d’un individu à l’autre, dans toutes les entreprises ou les changements d’administration. À un moment donné, il faut tourner la page. C’est avec ces gens mis en place que l’on va travailler », réitère le maire. 

Les engagements du maire 

Dans son rapport d’enquête, la DEPIM stipule que le maire s’est engagé « à ne plus placer le directeur général dans une situation où il doit le » repousser » afin que le maire respecte son champ de compétence ». Le mandat d’observation avait notamment pour objectif de vérifier si le maire respectait cet engagement. « Malgré le pessimisme constaté au sein de l’organisation quant aux attitudes du maire, ce dernier a respecté cet engagement, du moins jusqu’à présent. Le nouveau directeur général a dû intervenir dans certaines situations, mais ce dernier n’a pas eu à « repousser » le maire », décrit le rapport. Ainsi, aucune situation de « grave ingérence » n’a été constatée pendant le mandat d’observation, que ce soit de la part du maire ou des autres membres du conseil, d’ailleurs. « Sur ce volet, le maire semble donc comprendre l’importance de respecter dorénavant le champ de compétence et le rôle du directeur général. Toutefois, cela ne signifie pas l’absence de toute problématique quant aux interventions du maire auprès des employés. En effet, une certaine confusion demeure quant à la nature des interventions que le maire peut effectuer auprès des fonctionnaires », dépeint le rapport.