Replonger dans le dossier du meurtre non résolu

L’organisme Meurtres et Disparitions irrésolus du Québec (MDIQ) reprend l’enquête du meurtre d’Hélène Monast, une Chamblyenne assassinée il y a 45 ans, le soir où elle fêtait ses 18 ans.

Son corps a été retrouvé le lendemain, à l’endroit même de l’agression survenue le 10 septembre 1977, soit au parc des Ateliers, près du canal. Le meurtre n’a toujours pas été résolu à ce jour.

« À un moment donné, ça devient trop intense. Il faut se reprendre en main. » – Nicole Monast

Nicole Monast, la sœur d’Hélène, avait 20 ans lors de son décès. Nouvellement mariée, Nicole venait de quitter Chambly. « On était très proches. Elle me prenait dans ses bras en me disant qu’elle s’ennuierait quand je serai partie », rappelle doucement la sœur aînée. Celle-ci a vécu le drame douloureusement.

« Ça a été un énorme choc. Ce sont des cauchemars pendant des mois », convient-elle. 

Au fil du temps, devant l’enquête qui stagnait, Nicole a baissé les bras. « À un moment donné, ça devient trop intense. Il faut se reprendre en main », affirme la femme, qui a cessé d’y déployer son énergie à la suite du décès de son père en 2017.

Elle revient sur le déroulement de la soirée du meurtre de sa sœur, souhaitant éveiller de potentiels souvenirs chez des lecteurs. Hélène Monast était au restaurant Chez Marius vers 21 h. Plus tard, elle est allée au feu Luxor, à Chambly. Vers 23 h, elle a contacté sa tante, qui demeurait sur la rue Migneault, pour lui dire qu’elle arrivait dans une quinzaine de minutes. Elle a été vue à parler avec l’une de ses amies et un homme dont l’identité n’est pas connue. Elle a marché avec ladite amie. Leurs chemins se sont séparés au motel Mon repos. Vers 23 h 30, Hélène a été agressée au parc des Ateliers. Le meurtre s’est déroulé dans les dix minutes suivant l’agression. Nicole Monast raconte que « Selon la police, des témoins auraient vu le tueur ». Le sac à main bourgogne à bandoulière de la défunte n’a jamais été retrouvé. Elle portait une salopette en jeans, une veste en jeans et des souliers beiges lacés à plateformes, décrit sa sœur.

Une enquêtrice bénévole 

Mélissa Champagne est enquêtrice privée bénévole pour MDIQ. La mission principale de l’organisme vise à apporter du soutien aux familles de victimes dont le crime est toujours irrésolu à ce jour. « La police n’enquête plus depuis plusieurs années sur le dossier. La famille se sent abandonnée et la mémoire collective d’Hélène tombe dans l’oubli au fur et à mesure que le temps passe », mentionne l’enquêtrice.

Elle tente de relancer l’enquête du début en colligeant toutes les informations accessibles, en sollicitant les ressources policières pour tenter d’avoir davantage d’informations et, surtout, en redonnant de la visibilité au dossier. « Nous voulons que toutes les personnes ayant des informations sur l’événement parlent, concernant le moindre détail, même si cela peut leur sembler anodin. La visibilité du dossier peut susciter des souvenirs chez certaines personnes », révèle Mme Champagne.

Des avancées scientifiques

Si les informations sont « pertinentes », MDIQ les fournit ensuite à la Sûreté du Québec (SQ). « On ne sait jamais, quelqu’un pouvait ne pas être disposé à parler à l’époque, mais l’est maintenant. Nous pouvons être moins intimidants que la police », souligne l’enquêtrice. Elle insiste sur le fait que, même après 45 ans, Hélène Monast n’est pas oubliée et que des ressources sont déployées afin de trouver son meurtrier.

« Nous avons également l’espoir en les nouvelles avancées scientifiques en matière d’ADN », ajoute Mme Champagne. Elle fait ici un parallèle avec des cas qui ont été résolus après plusieurs décennies grâce à l’ADN (Sharron Prior, Guylaine Potvin).

Toute personne possédant des informations peut appeler ou envoyer un courriel à MDIQ. Il est aussi possible de contacter le numéro de la Centrale de l’information criminelle de la SQ au 1 800 659-4264.

Un titre reconnu

MDIQ a notamment fait débloquer l’enquête sur le meurtre de Diane Malouin, survenu en 1978, en offrant un témoin à la SQ qui était initialement entré en communication avec l’organisation. C’est Stéphane Luce, un Chamblyen qui en est le président.

Les enquêteurs privés bénévoles de chez MDIQ ont leur permis d’enquêteur privé auprès du Bureau de la sécurité privée (BSP). Ceux-ci sont titulaires de permis d’investigation privée et se retrouvent au registre du BSP. De son côté, Mélissa Champagne a réussi le cours Initiation aux techniques d’enquête et d’investigation, d’une durée de 135 heures, offert dans un établissement d’enseignement collégial. Elle est également diplômée d’un baccalauréat en criminologie de l’Université de Montréal depuis 2020.

Le regroupement est financé par les dons du public seulement. Il est en attente d’une réponse du ministère de la Sécurité publique pour un éventuel financement. MDIQ est à la recherche de bénévoles en tous genres : personnes certifiées en recherche terrain, photographes, agents de sécurité pour des événements éventuels et pour les levées de fonds, plongeurs certifiés, maîtres-chiens, spécialistes en entrées de données, vidéastes, dronistes, infographes, personnes possédant véhicule quatre-roues, bateau, chaloupe, avion, hélicoptère, et ce, dans des régions diversifiées.