Sainte-Angèle-de-Monnoir : La valeur des terrains face au projet éolien

L’annonce du Projet éolien Monnoir a fait réagir plusieurs citoyens de Sainte-Angèle-de-Monnoir. Beaucoup craignent une baisse de leur niveau de vie et une dépréciation de leur propriété.

« Non en zone habitée » avec une éolienne en toile de fond. Sur le bas-côté de la descente de la Côte-Double, à Sainte-Angèle-de-Monnoir, des panneaux placés devant certaines maisons indiquent le sentiment de plusieurs citoyens concernant le Projet éolien Monnoir. Entre 15 et 20 éoliennes sont prévues sur des terres privées à Sainte-Angèle-de-Monnoir, à Sainte-Brigide-d’Iberville et à Saint-Césaire.

Pour Michèle Loiselle, résidente de la ville, ce projet, qui prévoit jusqu’à cinq éoliennes sur son territoire, n’a pas lieu d’être. « Je suis défavorable. D’abord parce que les éoliennes sont bruyantes et que cela peut changer le quotidien des personnes à proximité. De plus, ce n’est pas bon pour la valeur des maisons. »

Une autre citoyenne, Jocelyne Martel, de son côté, n’y voit aucun inconvénient. « Je ne suis pas inquiète par le projet. On en voit à d’autres places et cela ne fait pas autant d’histoires. Je ne suis pas prête à bouger de ma maison. »

Enfin, le résident Charles Gagnon est plus partagé. « Je ne me suis pas trop informé à ce sujet, mais si c’est pour le bien du Québec, pourquoi pas? C’est aussi un mode écologique. En revanche, je serais contre si c’était uniquement pour enrichir une entité privée sur le dos de la population. Ma femme, elle, est absolument contre, car elle craint le bruit et la dépréciation de notre maison. »

Des critères plus importants

Si la distance du projet par rapport aux maisons est un enjeu pour lequel les habitants se battent, Éric Racine, président de l’Association des évaluateurs municipaux du Québec (AÉMQ), modère les conclusions hâtives concernant la valeur des propriétés. « Estimer la valeur d’un bien est une science, mais elle est inexacte. Certaines personnes vont voir les éoliennes, d’autres vont les entendre, mais au bout du compte, le marché décidera. Ce genre d’initiatives génère souvent de la crainte, car c’est nouveau même si la préoccupation des habitants peut être légitime. »

Pour illustrer son propos, le président de l’AÉMQ prend l’exemple d’un coucher de soleil. « Vous profitez tous les soirs du coucher de soleil dans votre jardin. Un jour, un immeuble est construit et vous gâche la vue. Vous décidez de vendre. Or, le client intéressé par votre propriété ne sait pas qu’il y avait un coucher de soleil et cela n’est pas dans ses critères. Il proposera un prix d’achat sans s’en soucier, puisque l’immeuble est devenu une constante pour lui. »

Ainsi, Éric Racine estime que le projet éolien ne fera pas s’écrouler les valeurs des propriétés de Sainte-Angèle-de-Monnoir. « Parmi les critères d’achat d’une propriété, il arrive que le paysage se place après la dixième position sur la liste des acheteurs après l’emplacement, le nombre de pièces ou les services à proximité. Tout est une question de perception. C’est le marché immobilier qui décidera de la variation. »