Se méfier des prétendus éleveurs

Le fournisseur de services animaliers Proanima, qui dessert une partie du territoire, dont la ville de Saint-Mathias-sur-Richelieu, rapporte que de plus en plus d’adoptions d’animaux se font de manière non encadrée auprès d’éleveurs non éthiques.

Il y a toutes sortes de façons d’adopter des animaux, que ce soit au travers de refuges, d’animaleries, d’éleveurs ou de petites annonces. Mais la dernière option, « il faut vraiment s’en méfier »,  nous met en garde Patricia Durocher, coordonnatrice aux communications de Proanima.

« Il est très facile de reproduire des animaux et de se dire éleveur ensuite. Aujourd’hui, lorsqu’on parle d’une usine à chiots, on pense à un grand entrepôt où l’on fait se reproduire des animaux, alors que ça peut tout aussi bien être un quatre et demi où l’on reproduit n’importe comment et sans critères », de remarquer Patricia.

« Proanima reçoit beaucoup plus d’appels concernant des chiots ayant de gros problèmes de comportements. » – Patricia Durocher

Les conséquences de ces adoptions

Ce genre d’élevage mènera les nouveaux maîtres animaliers à constater divers problèmes de comportement, à court terme, mais aussi de santé à plus long terme. « Souvent, les animaux achetés de cette manière n’auront pas été testés sur les plans médical et comportemental. On verra alors des animaux développer des problèmes parce que leurs parents auront été reproduits n’importe comment. Le comportement n’est pas seulement acquis, il est inné aussi. Si une femelle et un mâle présentent des problèmes de comportement et ne sont pas équilibrés, il y a de forts risques que cela se reproduise avec la portée. C’est là que l’on voit des chiens qui, à cinq ou six mois, ont déjà de très gros problèmes génétiques que l’on ne peut régler en les éduquant. »

Bien qu’elle ne soit pas en mesure de quantifier leur nombre, Patricia rapporte que depuis la pandémie, « Proanima reçoit beaucoup plus d’appels concernant des chiots ayant de gros problèmes de comportements ».

La semaine dernière, à l’antenne de TVR9, la directrice générale de la Régie intermunicipale des services animaliers de la Vallée du Richelieu, Isabelle Labrecque, rapportait que seulement en 2020, 45 000 morsures de chiens avaient été répertoriées chez les enfants.

Quant aux problèmes de santé résultants, ce sera plus tard au cours de leurs vie que l’on en verra les signes. « Une mauvaise reproduction apporte toutes sortes de problèmes, tels que des problèmes de hanche, des problèmes de cœur, des syndrômes internes qui nécessiteront des consultations vétérinaires pour être décelés. C’est plutôt sur le plan du comportement que les conséquences d’un élevage défectif se verront. » 

Savoir interpréter les signes

« Il arrive que l’on voit une annonce de quelqu’un qui cherche un mâle chihuahua, n’affichant aucun autre critère spécifique et ne posant aucune question sur l’animal. » Ce genre d’affichage devrait, selon Patricia, mettre la puce à l’oreille des clients quant à l’imposture et aux mauvaises pratiques du prétendu éleveur, qui recherchera alors des animaux d’une race particulière pour les faire se reproduire, sans se soucier de leur état.

« L’idée n’est pas de rejeter toutes les petites annonces ou les animaleries, mais de sensibiliser le public à l’importance de poser les bonnes questions pour reconnaître les bons éleveurs. Lorsqu’on constate qu’un animal a été retiré de la portée très jeune, à cinq semaines par exemple, ou lorsque le vendeur nous donne rendez-vous dans un stationnement plutôt que sur les lieux de ses activités pour procéder à la transaction, on a les indices d’un manque de légitimité et d’éthique quant à l’élevage. « On peut aussi être alerté par le manque d’examens vétérinaires menés, ou par le fait qu’un vendeur ne soit pas inscrit au Club canin canadien », d’ajouter Patricia.

Finalement, plutôt que d’adopter un animal parce qu’on s’inquiète des conditions d’élevage dans lesquelles il se trouve, elle conseille de faire un signalement auprès des inspecteurs du MAPAQ. « Si on en est capable, on peut tenter d’obtenir des preuves, telles que des photos ou des conversations par clavardage pour illustrer le manque d’éthique », indique Patricia.

Question aux lecteurs :

Avez-vous déjà vécu une mauvaise expérience en adoptant un animal dans un endroit non éthique?