Un camp de hockey vire au cauchemar à Chambly
Un camp de jour de hockey à Chambly, lors de l’été 2022, a tourné au cauchemar pour des parents d’enfants de six ans qui auraient été menacés par des moniteurs mineurs.
Le hockey canadien traverse des heures sombres, alors que de nombreuses révélations entachent les organisations sportives. À Chambly, c’est un camp de jour de hockey au centre Isatis qui a viré au cauchemar pour des parents.
Isatis Sport, c’est trois complexes, tous situés sur la Rive-Sud, secteur de Montréal, dont un se trouve à Chambly. Dans la ville, l’endroit abrite plusieurs glaces où ont lieu, entre autres pendant l’été, des camps de jour de hockey.
En 2022, l’un d’entre eux a mal tourné. Deux moniteurs mineurs, « avec très peu d’encadrement d’adultes » expliquent des parents, auraient posé des gestes à caractère sexuel auprès d’un groupe d’enfants de six ans. Pour éviter d’identifier les mineurs, nous tairons le nom de leurs parents qui nous ont écrit et à qui nous avons parlé. Les moniteurs auraient, d’autre part, menacé de coups de bâton de hockey le groupe.
Une enquête à l’étude
« En après-midi, je suis venu chercher mon fils. Dans le bâtiment, un adulte m’a expliqué qu’il était dans un parc avec les moniteurs, des moniteurs mineurs de 14, 15 ans, mais il ne savait pas dans quel parc. J’ai dû faire tous les parcs de Chambly. J’ai eu peur. Heureusement que nous sommes dans une ville sécuritaire », nous explique une maman. Un autre parent explique au journal qu’il a vu les moniteurs dormir sur le banc d’un parc en laissant les enfants sans surveillance. Une plainte au criminel a été déposée contre les deux jeunes hommes cncernés. En raison de l’affaire impliquant des mineurs, le capitaine Christian Cameron, de la Régie de police Richelieu Saint-Laurent, n’a pas souhaité commenter le dossier tout en précisant que l’enquête avait été menée et qu’elle était sur le bureau du procureur du directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).
Problème d’encadrement?
Dès que les événements ont été connus, la direction d’Isatis Sport a écarté les moniteurs en question et peu de temps après, le directeur du Isatis Chambly a été remercié. Stephane Malouin, directeur général d’Isatis, contacté par le journal, indique que l’affaire dont il est question ici est « plus ou moins » la raison du départ du directeur d’Isatis Chambly, mais plusieurs parents s’indignent du fait que l’endroit propose de nouveau cette année un camp de jour. « L’endroit en question ne devait plus offrir de camps d’été, comme il nous l’avait indiqué. Finalement, on a constaté que les inscriptions étaient ouvertes de nouveau cette année, d’où notre désir d’en parler maintenant afin de protéger d’autres enfants, indique un des parents. On ne comprend pas pourquoi l’organisation ne se remet pas en cause. Comment on peut laisser des moniteurs mineurs sans formation, sans surveillance? On nous a reçus dernièrement pour nous dire que les moniteurs seront désormais surveillés par les membres de l’organisation, qui regarderont de temps en temps ce qu’ils font, mais il n’y a ici rien de concret et précis », indiquent des parents.
M. Malouin s’est clairement désolé des événements de l’été 2022 et a commencé par préciser que « la plainte ne concerne pas Isatis. Il n’y a aucune accusation contre nous. D’ailleurs, je ne sais rien ce qu’il se passe avec cette affaire. La police est venue au lendemain des événements pour avoir notre version des faits, c’est tout. Il faut rappeler que sur les 900 personnes des différents groupes que nous avons reçus, cela a été le seul qui a été problématique, et c’est regrettable. Chaque année, on fait des améliorations dans nos camps, mais comme toutes les entreprises, on a un manque de main-d’œuvre et on fait le meilleur recrutement possible ». Quant au manque de supervision d’adolescents par des adultes que mettent en avant les parents du groupe concerné, M. Malouin indique qu’il y a « un coordonnateur de camp qui est en place depuis longtemps. Nous sommes en ce moment en période de recrutement de nos moniteurs. Ils peuvent avoir 17 ans, 22 ans… Je ne vais pas vous dire tous les changements que l’on a apportés, mais l’un d’entre eux c’est que désormais on va différencier les instructeurs sur glace et les moniteurs hors glace ».
Remboursement
Certains parents contactés indiquent qu’ils voulaient se faire rembourser la semaine de camp au complet à la suite des événement. Cependant on leur a remboursé uniquement les jours où leurs enfants n’étaient pas au camp. « On nous a même dit que les autres journées ne pouvaient pas être remboursées, car les enfants avaient pu profiter du camp. » D’autres ont fait manquer une semaine de camp à leur enfant à la suite des événements sans penser demander à être remboursés et ne l’ont pas été. M. Malouin confirme la chose. « Il y a une dizaine d’enfants qui ont été concernés. Il fallait nous faire une demande de remboursement pour l’être. Nous en faisons chaque année. Mais on ne pouvait pas rembourser les journées où les enfants ont pu bénéficier du camp. Lorsqu’on s’en va au restaurant, on ne s’en va pas sans payer après avoir manger », conclut-il.
Des camps privés
Les camps de jour de hockey à Isatis sont des initiatives privées. La Ville de Chambly, contactée par le journal, n’est donc pas à l’organisation de ces événements et s’en dissocie. Cette dernière utilise cependant les installations sportives d’Isatis et a prolongé son bail lors de la saison 2022-2023 pour un montant de plus de 424 000 $ « taxes incluses » pour des heures de glace. « Nous achetons des heures pour bonifier notre programmation (patinage libre et bâton-rondelle), dont nous assurons la surveillance avec un employé de la Ville. Nous achetons aussi des heures pour les offrir à nos organismes de sport de glace reconnus : Association du hockey mineur, Club de patinage artistique et Association de ringuette Les Intrépides. La Ville ne participe d’aucune façon à l’organisation du camp de jour offert à Isatis, ni à sa programmation interne, ni à ses ligues ».