Une directive qui ne fait pas l’unanimité
Les élèves du primaire en zone rouge portent désormais un masque médical en tout temps dans la classe, lors des déplacements dans l’école ainsi que dans le transport scolaire au retour de la semaine de relâche.
La directive est entrée en vigueur aujourd’hui pour les élèves de la première à la sixième année. Des parents ont réagi à ce changement comme Fanny-Hélène Brodeur, Pierre Viens et Molly Côté, de Saint-Césaire. « Je suis en pause. À bout de souffle, je retire mon masque pour l’heure du dîner, enfin un peu d’oxygène. Un courriel me coupe littéralement l’appétit. Mon enfant de 7 ans sera très bientôt lui aussi privé d’un essentiel à sa santé, à sa vie, l’oxygène. Pendant plusieurs jours, je l’ai eu en travers de la gorge, cette nouvelle, puis un peu de soulagement lorsque j’ai réalisé que des gens se mobilisent rapidement. Je ne suis pas la seule à me questionner sérieusement sur cette décision du gouvernement […] Nous espérons que les gens réalisent qu’une limite a été franchie. Ça fait déjà un an que je suis inquiète des conséquences socio-affectives à long terme sur cette génération d’enfants qui subissent des mesures allant à l’encontre des valeurs pédagogiques toujours enseignées. Mais aujourd’hui, on atteint un autre niveau de cruauté. »
Centre de services scolaire
Cette mesure ajoute-t-elle du poids sur les épaules des enseignants et du personnel de soutien?Y a-t-il des conséquences socio-affectives et en matière de réussite scolaire envisageables pour les enfants? « C’est en effet une mesure additionnelle, et comme pour les autres mesures sanitaires mises en place depuis le début de l’année scolaire, les membres des équipes-écoles orientent et adaptent chacune de leurs actions afin de permettre aux enfants de développer leur plein potentiel dans ce contexte bien particulier. Les membres des équipes-écoles sont sensibles au fait qu’une période d’adaptation sera nécessaire pour les élèves et qu’ils seront particulièrement attentifs à ceux qui pourraient avoir besoin de s’y habituer », mentionne Lyne Arcand, des communications du Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP).
« Il y a quelque chose là-dedans qui est profondément inhumain. » – Éric Duhaime
De son côté, Céline Falardeau, des communications du Centre de services scolaire des Hautes-Rivières (CSSHR), répond que « les enfants ont une capacité d’adaptation assez extraordinaire. Il suffira de prendre le temps de leur enseigner la nouvelle mesure et nous estimons que, tout comme pour les autres mesures, cela va bien se passer. Nous faisons confiance au bon jugement de notre gouvernement et de la santé publique, qui a émis cette directive. »
La pétition d’Éric Duhaime
En défaveur de cette mesure, une pétition issue d’Éric Duhaime, animateur, chroniqueur et homme politique, s’est mise à circuler. À ce jour, plus de 37 000 signataires y avaient déposé leur griffe. « Nous n’avons aucune preuve scientifique que les enfants sont des vecteurs de propagation importants dans les sociétés présentement. Ça fait un an que l’on est confinés à divers égards. Les premières victimes de ce qui se passe sont les jeunes. Ce sont eux qui sont le moins à risque et je vous rappelle qu’aucun enfant n’est décédé de la COVID-19 au Québec, et c’est à eux que l’on impose les plus grands sacrifices. Non seulement ce sont eux qui devront payer la dette monstrueuse que l’on accumule autant à Ottawa qu’à Québec, mais surtout, on a privé ces enfants-là de socialisation, de sport, d’apprentissage. Il y a quelque chose là-dedans qui est profondément inhumain. À travers le temps, ce sont les grands-parents et les parents qui se sont sacrifiés au sein de leur génération afin de s’assurer que leurs enfants aient un meilleur avenir qu’eux. La façon dont nous gérons la crise fait en sorte que nous faisons exactement le contraire », dépeint Éric Duhaime, qui considère que « les adultes peuvent s’imposer des contraintes liées au masque mais qu’il est injustifié de l’imposer aux enfants ».
Bien qu’il soit en défaveur de la mesure, Éric Duhaime nuance en ajoutant que « je respecte la liberté de choix et je comprends qu’il y a des parents qui ont plus peur que d’autres et qui sont en accord avec le fait que leur enfant porte un masque. Ultimement, je pense que c’est à eux de décider. S’ils veulent que leur enfant porte un masque toute la journée, il faut respecter la décision des parents. Mais il faudrait aussi avoir le même respect pour les parents qui ne veulent pas que leur enfant soit masqué du matin au soir ».
Pas d’école après la relâche
Dans la pétition de M. Duhaime, il est possible de lire que « nous proposons aux parents qui le peuvent de garder les enfants à la maison en attendant que le gouvernement Legault recule et retire ses mesures sanitaires abusives et arbitraires ». En ce sens, près de 10 000 personnes se sont regroupées sur les réseaux sociaux pour manifester leur profond désaccord envers la nouvelle mesure. Le mouvement suggère de garder les enfants à domicile après la semaine de relâche.
« La fréquentation scolaire est obligatoire selon les modalités indiquées à l’article 14 de la Loi sur l’instruction publique. Si un parent ne veut pas que son enfant fréquente l’école, il a le droit de choisir d’offrir l’enseignement à la maison. Pour ce faire, il doit transmettre un avis écrit au ministère de l’Éducation et au Centre de services scolaire et déposer un projet d’apprentissage auprès du ministère », fait part la porte-parole du CSSP.
« La scolarisation des enfants est une obligation légale qui appartient autant aux centres de services scolaires qu’aux parents. Les parents qui s’opposent à cette mesure et qui souhaitent scolariser leurs enfants à la maison sont en droit de le faire et nous n’avons pas à juger ce choix », termine Mme Falardeau, du CSSHDR.