Chambly : phénomène du fanfilm sous la thématique d’Halloween

Le court-métrage Stalks II, de Dominick Cousineau-Benoit, tourné notamment à Chambly et à Carignan, récolte un lot de visionnements impressionnant sur le Web, tout comme son film précédent. 

Le réalisateur Dominick Cousineau-Benoit a sorti Halloween Stalks en janvier 2023. Le fanfilm vit autour de la thématique des films d’horreur cultes de la franchise Halloween et de son personnage phare, Michael Myers. Il en est à 180 000 vues sur la plateforme YouTube.

Le vidéaste a donc récidivé, un an plus tard, lançant le deuxième en Stalks II. Deux semaines après avoir été propulsé, le film en est déjà à 65 000 vues sur la même plateforme.

« C’est un peu une lettre d’amour. » – Dominick Cousineau-Benoit

Dans Stalks II, au moins trois résidences différentes ont servi à reproduire l’unique maison du film. Ces maisons, le créateur les a dénichées à Chambly et à Carignan. Si, dans le premier film, Dominick Cousineau-Benoit s’était armé d’une dizaine de collaborateurs, il est revenu en force avec une équipe de tournage d’environ 50 personnes dédiées pour Stalks II. Ces deux oeuvres, autofinancées et autoproduites, lui servent désormais de cartes de visite. « J’ai tout sorti de ma poche », confirme celui qui chiffre environ à 15 000 $ l’argent investi pour Stalks II.

Fanfilm

Ces deux films de Dominick Cousineau-Benoit se classent dans la catégorie des fanfilms. Ce genre est devenu populaire depuis une quinzaine d’années. Il s’agit d’un film réalisé par un fan d’une série télévisée, d’un film, d’un jeu vidéo, d’un livre ou d’une bande dessinée à partir du monde imaginé dans l’œuvre qu’il apprécie. « Tu as tellement trippé là-dessus que tu décides, pour le plaisir de la chose, d’en faire ton propre projet. C’est un peu une lettre d’amour. Tu ne le fais pas pour faire du profit, car tu n’as pas les droits. C’est vraiment pour montrer ton appréciation », dépeint M. Cousineau-Benoit. Les univers Star Wars et Harry Potter regorgent notamment de fanfilms. « J’ai mis en scène un de mes personnages fétiches (Michael Myers). Halloween, c’est une franchise fascinante pour moi. Il y a quelque chose d’envoûtant, d’hypnotisant », assume l’artiste, captivé par le sentiment de la peur. 

Prise 2

Les fanfilms sont souvent des projets amateurs. Ce n’est pas le cas de Dominick Cousineau-Benoit, qui en a cependant subi les conséquences. « Je suis un peu une anomalie », dit le réalisateur, qui a voulu donner à ses films une teinte « Hollywood ». Stalks II avait préalablement été lancé en mars dernier. Il se nommait alors logiquement Halloween Stalks II.

Cinq semaines après sa mise en ligne, Trancas International, qui possède les droits de la franchise Halloween, a demandé à YouTube que Halloween Stalks II soit retiré. « Un soir, je reçois une notification de YouTube comme quoi mon film est retiré. Moment de panique, moment de peine, après un an de travail! », exprime Dominick Cousineau-Benoit. Simultanément, d’autres fanfilms vivent le même sort. Le lien entre ceux-ci : ils sont de qualité supérieure à un fanfilm habituel. Dominick Cousineau-Benoit a alors contacté ceux qui détenaient les droits pour leur faire entendre que ce n’était pas pour faire de l’argent, mais bien pour témoigner son amour. Rien n’y fait : le film disparait des ondes. « On m’a dit que mon film est comme trop bon pour être considéré fanfilm, c’est-à-dire amateur », décrit le cinéaste. 

Violation de droits

Dominick Cousineau-Benoit utilisait la musique de John Carpenter, compositeur de l’illustre musique du film Halloween, pour ses fanfilms. C’est l’argument utilisé par Trancas International pour que YouTube retire son film, en raison de violation de droits. « On ne l’a pas, le droit. Ce sont des risques que j’appelle calculés. Il y en a des milliers de fanfilms d’Halloween. Ces films ne recomposent pas la musique, ils utilisent carrément la musique du film. C’est une forme de tolérance. J’étais convaincu que c’était safe », affirme-t-il.

Sans issue, Dominick Cousineau-Benoit songe à reléguer son ambitieux projet aux oubliettes. Après un été de réflexion, il décide de faire appel à un compositeur d’ici pour la refonte de la musique. Il retire ensuite le mot Halloween du titre Halloween Stalks II. « Il n’y avait plus vraiment d’élément copyright que Trancas International pouvait utiliser contre le projet. Mais ça reste un domaine qui est flou », considère-t-il. Pour l’instant, la seconde vie de désormais Stalks II se porte bien.

France Castel 

Dans le champ de Stalks II apparaît la légendaire actrice France Castel. C’est un tour de force d’avoir convaincu l’iconique comédienne québécoise de participer au projet. Dominick Cousineau-Benoit l’avait croisée sur un petit plateau de tournage. Trois ans plus tard, il a mis la main sur les coordonnées de Mme Castel. « J’étais super nerveux. Je l’ai appelée sur son cellulaire personnel. Elle est allée voir mon premier film et a trouvé la cinématographie impressionnante. Elle a été d’accord pour m’aider », relate l’homme, qui se dit chanceux et bon vendeur, lorsque passionné.