Être fier des PME locales
Le chef du Bloc québécois et député de Beloeil-Chambly, Yves-François Blanchet, s’inquiète pour les petites et moyennes entreprises (PME) locales.
En entrevue, le député raconte qu’il faut investir en de petits commerces locaux, dans plusieurs secteurs économiques, afin d’éviter qu’ils ne se fassent avaler par les multinationales.
Aider le secteur brassicole
À la fin du mois de mars, le cabinet de M. Blanchet a annoncé que des démarches réalisées par son équipe avaient permis d’obtenir une aide de la Banque de développement du Canada dans le cadre du programme PCSTT (Programme de crédit pour les secteurs très touchés), afin de soutenir l’organisme à but non lucratif Concept B, basé à Richelieu. Ce fonds, dont le montant exact est demeuré confidentiel, servira à financer le plus important festival de bières au Québec, soit Bières et Saveurs, à Chambly. « Il est malheureusement trop tôt pour parler du festival, compte tenu de la situation qui demeure instable », a-t-on rapporté du côté de Concept B, bien que l’attraction majeure, prévue en septembre, soit attendue avec beaucoup d’enthousiasme de la part des amateurs de bière de la région, et ce, malgré les incertitudes liées au contexte sanitaire.
« J’ai (…) la crainte que les PME du marché local soient remplacées par des chaînes et des multinationales, car le marché a horreur du vide. » – Yves-François Blanchet
Pour M. Blanchet, à travers ce projet, il était important de soutenir les nombreuses PME de Chambly et de la région qui font de l’industrie brassicole québécoise ce qu’elle est. « Le premier rôle d’un élu est d’être au service des gens qui en ont besoin au sein de la communauté. Ça a été long pour les petites entreprises. Les travailleurs autonomes et les PME ont attendu beaucoup plus longtemps que les grandes entreprises pour avoir de l’aide. J’ai une crainte importante quant à l’affaiblissement du tissu de PME et du tissu commercial de notre circonscription, mais aussi de l’ensemble du Québec. Je crains qu’un certain nombre d’entreprises ne passent pas au travers de la crise. J’ai aussi la crainte que les PME du marché local soient remplacées par des chaînes et des multinationales, car le marché a horreur du vide. Personnellement, je n’ai aucun désir de voir Evenko organiser un festival de bière à Chambly. On a une entreprise de chez nous (Concept B) qui fait cela merveilleusement bien, qui a développé un savoir-faire et qui a décidé de voir la crise comme une opportunité de travailler sur ses projets et de transformer le problème en occasion de se revisiter. Et mon travail d’élu, c’est de l’y aider. » Malgré un travail de paperasse ardu, il se réjouit de ce dénouement positif. « Finalement, ça a fonctionné, et c’est en grande partie grâce au bureau de circonscription, qui est derrière ce succès. »
Se battre contre des géants
M. Blanchet soutient que nous assistons à une « invasion d’entreprises multinationales », dans plusieurs secteurs économiques, « extraordinairement capitalisées » : le service de taxi, la réservation de transport aérien, la réservation d’hébergement à l’étranger par Internet, la livraison de nourriture, la livraison de biens à domicile, le commerce de produits artistiques et culturels (cinéma via Netflix, musique via Apple). Il estime que c’est pour cette raison que nous devons prendre très au sérieux les enjeux de préservation du marché local et des PME. « La capitalisation de ces multinationales est astronomique, infinie en comparaison avec ce qu’un petit commerce local est capable de faire. Si, en plus, la capitalisation et la capacité à traverser la crise du petit commerce ou de la PME d’ici sont compromises, alors évidemment, le marché en devient un pour une acquisition, qui peut rapidement être occupé. »
« La fermeture d’un restaurant sur l’avenue Bourgogne, à Chambly, enverra des gens notamment vers des chaînes de multinationales, de même que la sous-capitalisation d’une PME peut favoriser son achat par une multinationale étrangère. On vient de se sauver, par la peau des dents, de l’acquisition d’Air Transat par Air Canada, qui se comporte comme une multinationale et qui ne donne pas de services valables dans les régions du Québec, qui n’en donne pas non plus en français, qui refuse de rembourser les billets qui n’ont pu servir pendant la pandémie. Ce sont des comportements que l’on ne souhaite pas. Je préfère aller me chercher un café au Garde-Manger de François plutôt que chez Tim Horton’s. C’est ce tissu, qui constitue notre identité et notre vallée, qui doit être protégé en termes d’économie. »