Être productif en 2022: la formule « hybride »
Depuis aujourd’hui, le télétravail n’est plus obligatoire, le retour progressif est possible en mode hybride et la capacité peut aller jusqu’à 100 % dans les transports en commun. Quelles seront, dorénavant, les habitudes de travail et de transport des salariés?
Aujourd’hui, lorsqu’on pense à l’employé de bureau moyen, on n’a plus l’image du personnage haletant, essoufflé par le capitalisme qu’incarnait la chanteuse Diane Dufresne, alors que, mallette à la main et pliée en quatre sur scène, elle réclamait de l’ « oxygène ». Non. Plutôt, on se représente, à la caricature, une femme ou un homme en pyjama derrière son ordinateur, se laissant parfois distraire par son enfant installé dans la pièce d’à côté pour y passer sa journée « pédago ». Ce qui était la réalité d’une poignée de personnes avant la pandémie est aujourd’hui celle d’une majorité de Québécois travaillant de la maison deux ou trois jours par semaine.
Du point de vue de l’employeur
S’il n’est plus obligatoire, le télétravail à temps partiel demeure recommandé et appliqué au sein de nombreuses entreprises qui, sans tordage de bras, optent pour une formule hybride.
« (…) il y a une forte tendance pour une formule hybride. Les citoyens vont continuer de se déplacer quand même. » – Jean-François Roberge
Le Marievillois Dany Lafrance est de ces patrons qui embrassent le télétravail en ayant pleinement confiance en la productivité de leurs employés. Fondateur de la firme d’ingénierie Tecgenium, comptant une dizaine d’employés, il rapporte au journal s’en remettre à un système de communication fluide et « horizontale. On a l’avantage d’avoir intégré le télétravail avant la pandémie. On travaille bien à distance et de temps en temps en présentiel pour maintenir le lien. Il faut être flexible et faire confiance à ses employés. C’est ma philosophie », d’amener l’employeur. « Dany mise sur la confiance. De toute façon, je pense que la rigueur se constate au résultat », ajoute Marie-Claude Allard, coordonnatrice en communication-marketing au sein de la boîte.
Pour l’employé et l’étudiant
N’empêche, pour encore beaucoup de citoyens, incluant étudiants et travailleurs, c’est l’amélioration du réseau de transport collectif qu’il faut favoriser, puisque la nécessité de se rendre au travail prévaut sur la commodité du travail à distance. Le Chamblyen Frédéric Mailloux pense que pour « les travailleurs du système de la santé, ceux dont l’emploi rend le télétravail difficile ou impossible, et les étudiants qui vont au cégep ou à l’université (…) le transport en commun est la meilleure solution. Et 30-40 personnes dans un véhicule qui prend la place de 4 voitures, c’est mieux contre la congestion et les émissions de gaz à effet de serre ». Pour l’étudiante Layla Mnr, « l’horaire est inadapté pour les étudiants universitaires ». Elle suggère que des lignes d’autobus soient ajoutées selon les horaires des universités.
Quant à ceux pour qui télétravail est synonyme d’aliénation sociale, aller au bureau est encore le meilleur moyen d’entretenir un lien avec les collègues. « La société est en train de devenir un monde avec de moins en moins de contact humain », déplore Michel Côté. Quant à Thérèze Pauzet, elle redoute que l’omniprésence des machines et des écrans se substitue définitivement à la communication humaine. « Je préfère le contact humain sans contredit. » La fluidité du réseau routier demeure donc une priorité pour beaucoup de citoyens pour qui le travail au bureau est encore essentiel.
Se rendre plus vite au travail
Il y a une semaine, on annonçait le début des travaux de décongestion de l’autoroute 30, entre Brossard et Boucherville, par l’ajout d’une voie réservée aux covoitureurs, au transport collectif et aux taxis.
Si l’idée d’un élargissement, qui coûtera des dizaines, voire des centaines de millions de dollars, semblait très attrayante au début de la pandémie, certains citoyens se demandent aujourd’hui si elle n’apparaît pas superflue lorsqu’on observe une tendance favorable au travail à distance et que de moins en moins de gens ont besoin de se déplacer jusqu’au bureau.
« (Il) faudrait se calmer avec le réseau de transport en commun, alors que les tours de bureaux de Montréal sont vides et que l’on sait que c’est possible de faire du télétravail, exprime Jean-François Potvin, un Marievillois. La vraie solution est le télétravail et non de multiplier les dépenses sur le transport », conclut ce dernier. Il souligne tout de même les bénéfices du covoiturage, qui sera encouragé par la nouvelle voie réservée, allégeant le trafic. Il rappelle que les covoitureurs peuvent utiliser des applications de covoiturage, une option qu’il juge « plus pratique que d’attendre un bus ».
En entrevue avec le journal, le député de Chambly et ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, insiste sur l’importance d’améliorer la fluidité routière pour les habitants de la région qui vont travailler et étudier, et qui se déplacent du nord au sud et de l’est à l’ouest. Selon lui, la montée du télétravail depuis le début de la pandémie n’enlève rien au besoin d’optimisation routière, puisque le modèle de travail qui s’installe est une formule hybride.
« Le télétravail est venu réduire la pression sur le réseau routier, et tant mieux si des gens y trouvent leur compte, sont bien chez eux et utilisent moins le transport. C’est bon pour l’environnement et c’est bon pour les gens. Il n’en demeure pas moins qu’il y a une forte tendance pour une formule hybride. Les citoyens vont continuer de se déplacer quand même. On aura toujours besoin de plus de fluidité sur l’axe de l’autoroute 30. Je pense que personne ne remet cela en question. Les gens veulent se rendre directement à Montréal ou se rendre au REM, ou se déplacer sur la Rive-Sud, où ils habitent et travaillent de plus en plus. Il ne faut pas penser qu’en termes de transport nord-sud, mais aussi est-ouest. »