Trois restos en deux mois
L’exode de plusieurs restaurants phares de la scène gastronomique de Chambly laisse ses habitants dans le deuil, tandis que de nouveaux commerces font leur apparition.
Certains se souviennent encore de la fermeture, l’été dernier, de la crêperie Les Friands Disent, alors que ses jeunes propriétaires, armés de leur savoir-faire en matière de pâtisserie française, venaient tout juste de se lancer dans la restauration sur l’avenue de Salaberry, avec l’intention d’y rester. Si les Chamblyens avaient eu un coup de blues en apprenant leur fermeture, c’était sans savoir qu’ils seraient secoués, en l’espace de deux mois, par la vente de trois de leurs commerces de restauration favoris.
La pandémie, mais pas que…
Aujourd’hui, la pénurie de main-d’œuvre, qui persiste depuis bien avant la pandémie, ainsi que des problèmes d’ordre personnel, mènent d’importants restaurateurs à se départir de leurs commerces, pourtant établis à Chambly depuis des années. Car, après l’annonce récente de la vente du Garde-Manger de François et de la fermeture des d’Oeufs copines, c’est maintenant avec la fin de la bannière de Fourquet Fourchette que les Chamblyens doivent aussi composer.
« Quel dommage! Le restaurant du Fourquet Fourchette était une institution pour les gens de Chambly. » – Thérèse Pauzé
« Quel dommage! Le restaurant du Fourquet Fourchette était une institution pour les gens de Chambly. Tant de familles s’y sont réunies, à la salle à manger ‘’Jean Talon’’ ou aux tables intérieures dans l’atmosphère de la Taverne ‘’La Chasse-Galerie’’ pour y déguster des repas de style médiéval. Et que dire des couples amoureux sur la terrasse extérieure, les beaux soirs d’été, au niveau de l’eau, face au magnifique bassin de Chambly », se remémore une cliente, Thérèse Pauzé, avec nostalgie sur les réseaux sociaux.
Départs et arrivées
Mais pendant que son centre-ville se dégarnit de plusieurs repères institutionnels, de nouveaux acteurs de la scène culinaire annoncent leur arrivée à Chambly. Parmi ces derniers, on compte Tite Frette, biériste québécois à succès dont une succursale vient d’ouvrir sur l’avenue Bourgogne, et Chez Lu-dy, qui fera le bonheur des uns en installant sa future roulotte gourmande sur le site de la Ferme Guyon, et le malheur des autres en fermant boutique à Carignan.
Finalement, si le monde de la restauration perd beaucoup de plumes, à Chambly, celui de la microbrasserie, lui, se montre solide dans la tempête. Mais qu’est-ce qui explique cette stabilité à toute épreuve?
Une forte présence brassicole
« Le Québec connaît un fort engouement pour les bières de microbrasserie depuis une dizaine d’années, ce qui a considérablement augmenté l’offre de produits houblonnés qui ne demandent qu’à être découverts », souligne Karl Magnone, président de Tite Frette, qui mise sur une vaste sélection de bières artisanales, pour lesquelles les consommateurs développent un attachement et une fierté locale non négligeables, comme c’est le cas pour les bières des restaurants ayant pour deuxième vocation celle d’être aussi des microbrasseries.
Sur ses cinq années d’existence depuis son ouverture en 2016, la microbrasserie Délires et Délices, par exemple, a dû fermer sa salle à manger plus d’une fois au cours des deux ans de pandémie. En entrevue avec le journal au début de l’année, Anik Cormier, l’une des copropriétaires, abordait la manière dont son commerce a pu s’en sortir, évoquant notamment la vente de cruchons de bière en ramassage. Cette option étant plus rentable que la vente de nourriture, elle permet à un resto à vocation double de se concentrer sur le volet microbrasserie lorsqu’il doit fermer sa salle à manger. Mais selon Mme Cormier, la solidarité entre commerçants de l’avenue principale y est aussi pour quelque chose. « Ce que je dois me dire, c’est que si, malgré tout cela, après cinq ans, mon commerce a réussi à passer au travers de la pandémie, il ne faut pas que je m’en fasse trop (…) Je peux aussi compter sur le soutien et la solidarité dont on fait preuve entre commerçants de l’avenue Bourgogne. J’ai hâte de voir ce que l’on pourra réaliser ensemble », suggère la commerçante, également présidente de la Chambre de commerce et d’industrie du Bassin de Chambly (CCIBC).
Autre modèle de résilience, la populaire Croisée des Chemins, aussi réputée pour ses bières artisanales, a su se réinventer. Malgré la pandémie, le manque d’aide financière disponible pour les PME et le fait d’être situé à l’extérieur du centre-ville, le resto-pub prépare déjà l’arrivée d’une troisième de ses bières originales sur le marché et fait partie des rares restaurants à demeurer ouverts sept jours sur sept.