Gestion de menaces : les élus rappellent qu’ils sont humains avant tout
Tous paliers de gouvernement confondus, les élus locaux ont tous vécu des menaces sérieuses qu’ils ont dû adresser respectivement.
Un homme âgé de 40 ans a été arrêté, le 8 mars dernier, après avoir proféré des menaces de mort à l’endroit du chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon. Les menaces ne sont pas étrangères aux politiciens locaux. Alexandra Labbé, mairesse de Chambly, avance faire ponctuellement face à des « incivilités ainsi qu’à des comportements ou des propos irrévérencieux » depuis son arrivée en poste.
« Outre une menace plutôt directe dans le commentaire d’un internaute publié sur le site d’un journal, à ma connaissance, ma sécurité n’a pas été menacée », soutient-elle. La mairesse avait tout de suite dénoncé ce commentaire au gestionnaire de la page Internet. Par ailleurs, elle a aussi eu à consulter le service de police pour des « comportements qui s’apparentaient à du harcèlement ». Elle n’avait toutefois pas eu à déposer de plainte formelle.
Depuis son élection, en 2014, Jean-François Roberge, député provincial de Chambly, dit avoir reçu des menaces sérieuses à quelques reprises. « Je les ai signalées à la Sûreté du Québec et aux agents de la Sécurité publique », affirme M. Roberge. À titre de député et de ministre, il mentionne essuyer des insultes et des injures sur les réseaux sociaux sur une base quotidienne. « Je ne les lis pratiquement jamais et je ne réponds à aucune », laisse entendre M. Roberge.
Andréanne Larouche, députée fédérale du comté de Shefford, ne parle pas de menace directe. Elle nomme par contre des commentaires reçus sur les réseaux sociaux à la suite d’une photo avec sa fille, publiée par son parti, lors d’une réunion où il était justement question d’un gouvernement représentatif d’une conciliation travail-famille. « J’étais une criminelle d’avoir emmené ma fille, que ce n’était pas la place d’un enfant et que je devrais être à la maison avec elle », décrit Mme Larouche. Elle choisit de ne pas répondre aux commentaires et évite, autant que possible, de les regarder pour « préserver sa santé mentale ».
« Je les ai signalées à la Sûreté du Québec et aux agents de la Sécurité publique. » – Jean-François Roberge
Émotif publiquement
Le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a pleuré en s’exprimant aux médias alors qu’il revenait sur les menaces que sa famille et lui ont reçues. Il a ensuite estimé que les médias n’ont pas respecté sa vie privée en publiant des images le montrant ainsi émotif. « Je pense qu’il est tout à fait humain d’avoir une telle réaction quand il s’agit de la sécurité de nos familles, que parfois l’émotion l’emporte, surtout dans nos fonctions, qui comportent une grande part de stress et de pression. Je lui souhaite vivement de retrouver un sentiment de sécurité, pour lui et pour sa famille », exprime à ce sujet Alexandra Labbé.
« Ça m’affecte profondément de voir ça. Je sais à quel point il est attaché à sa famille. Il n’y a rien de mal qu’il ait démontré de l’émotion. Le reste lui appartient », déclare Mme Larouche.
« Je n’ai pas de commentaire à faire à ce sujet, mais je réitère qu’avant d’être des politiciens, nous sommes des humains. Je déplore tous les gestes d’intimidation, toutes les insultes et toutes les menaces », complète quant à lui Jean-François Roberge.
De son côté, Audrey Bogemans, députée d’Iberville, a préféré ne pas répondre aux questions du journal.
Des ressources accessibles
Alexandra Labbé explique qu’il existe plusieurs formations dans le monde municipal pour aider les élus à faire face à cet aspect de leur travail, entre autres, pour la gestion des réseaux sociaux. « Nous sommes, dans tous les cas, obligés d’agir par rapport aux faits accomplis puisqu’il est impossible de prévenir ce type d’attaque à notre intégrité. C’est difficile de prévoir comment chaque personne réagira, et c’est un apprentissage quotidien pour s’adapter et bien répondre à ces différentes situations », convient la première magistrate de Chambly. Elle souligne que de plus en plus d’outils existent pour soutenir les élus. Elle fait notamment référence au plan de lutte contre l’intimidation des élus et aux travaux du nouveau comité sur la démocratie municipale formé à l’Union des municipalités du Québec.