Près de 10 % des élus ont quitté leur poste depuis les dernières élections générales municipales
La démission du maire de Saint-Césaire, Guy Benjamin, s’ajoute au nombre de presque un élu sur dix ayant quitté ses fonctions depuis les élections générales municipales de 2021, statistique que l’Union des municipalités du Québec (UMQ) qualifie de « préoccupante ».
En tout, 762 postes sur les 8 062 existants ont été à combler lors des élections partielles de la période du 7 novembre 2021 au 31 décembre 2023, selon Élections Québec. Pour les mêmes dates des élections municipales de 2017, le nombre de postes à combler s’élevait à 539.
Alexandra Labbé, mairesse de Chambly, mentionne que la démission de Guy Benjamin, qui s’ajoute aux nombreuses autres, la fait réfléchir sur « les défis de cette fonction, sur la transformation de notre rôle et sur la pression qui l’accompagne ».
Elle se dit aussi « préoccupée » par les démissions des deux dernières années « surtout par rapport à la présence de relève, à l’intérêt des citoyens pour l’exercice de leur droit de vote et à l’état de santé de notre démocratie ».
Un nouveau comité
L’UMQ se penche sur cette situation. Un nouveau comité sur la démocratie municipale a récemment été mis sur pied pour coordonner des actions sur le sujet. Il est composé de 10 élus, venant des quatre coins du Québec, qui représentent des municipalités de différentes tailles.
Ce comité, auquel siège Alexandra Labbé, aura notamment pour mandat de valoriser la démocratie municipale et le rôle des élus municipaux.
Présidés par la mairesse de Granby, Julie Bourdon, les membres ont tenu une première réunion le 27 février dernier pour donner le coup d’envoi à leurs travaux. Le regroupement est en voie d’adopter son premier plan d’action.
« On veut soutenir les élus qui peuvent avoir besoin d’aide psychologique », avance-t-elle au journal. En ce sens, l’UMQ vient d’annoncer l’offre d’un soutien psychologique de première ligne gratuit et confidentiel à ses membres ainsi qu’à leurs familles.
Mme Bourdon affirme que des données seront collectées. « On veut connaître les différentes raisons qui ont mené les élus à démissionner », ajoute la première magistrate de Granby. Elle assure que « bien que tout n’est pas sombre, c’est une priorité et on va adresser la situation ». Le comité stipule aussi vouloir travailler en ce qui a trait à la conciliation travail, politique et famille.
Des raisons personnelles
Après la démission, en juillet 2023, de Caroline Gagnon, ancienne mairesse de Marieville, Guy Benjamin est le second maire à quitter ses fonctions sur le territoire depuis les élections de 2021. Il évoque des raisons personnelles. La Meunerie Benjamin, une entreprise familiale, a notamment fait l’achat d’un magasin à Lac-Brome.
« Ça me demandait beaucoup. Avec le manque de main-d’œuvre, ça a fait en sorte que j’ai pris ma décision plus rapidement que prévu », établit l’ancien maire césairois, qui avait été élu à ce poste pour un troisième mandat. De son côté, il ne soulève pas de cas particulier d’intimidation. « C’est sûr qu’avec les Spotted et Facebook, les gens ne sont pas toujours gentils envers nous. Je comprends que c’est plus difficile dans les grandes villes », convient-il.
Alexandra Labbé salue le climat politique dans lequel elle évolue, à Chambly, qu’elle considère « sain et dans le respect ». Elle s’avoue toutefois « sensible aux commentaires parfois désobligeants, à l’information partielle ou mensongère, aux insinuations de certains. Cela peut miner le moral et rendre le travail plus ardu ». Elle se rappelle avoir vécu des périodes qu’elle considère plus difficiles. « Je connais bien le travail constant qui est nécessaire pour protéger notre espace démocratique et prévenir un retour en arrière à des pratiques moins favorables », précise la mairesse de Chambly.
Julie Bourdon dit de son côté ne jamais avoir remis en question son rôle d’élue municipale. « Ce n’est pas parce que je ne l’ai jamais fait qu’il n’y en a pas plein d’autres qui ne l’ont pas fait », nuance-t-elle. Elle termine en disant que lors de séances publiques, il faut « parfois prendre un pas de recul sur ce que les gens peuvent dire ».