Saint-Valentin : l’amour après le couvre-feu
Ils se sont rencontrés de façon hasardeuse en prenant chacun une marche alors que l’heure du couvre-feu était passée. Ils souligneront ensemble leur première Saint-Valentin.
Nathan Blouin, natif de Saint-Mathias-sur-Richelieu, ne se doutait pas qu’il trouverait l’amour en allant marcher à 21 h, le 1er janvier dernier. Devant des conditions météorologiques qu’il qualifie de fabuleuses, il décide de prolonger sa marche, dépassant le couvre-feu. « J’ai vu que le couvre-feu approchait. Je me suis demandé si je retournais chez moi. Je me suis dit que je me faisais du bien et j’ai continué de profiter du moment présent », détermine la Mathiassois d’origine. Dans une rue laissée déserte par le couvre-feu, une silhouette se profile vers lui, soit celle de Maïna Utzmann, qui défie également le couvre-feu du moment. C’est elle qui initie le contact en lui souhaitant d’emblée les vœux de bonne année. Je lui ai dit « Tu sais que nous sommes possiblement les deux seuls de la ville qui marchons après le couvre-feu? », met en reflet la quadragénaire.
« S’il n’y avait pas eu le confinement, on ne se serait pas rencontrés. » – Maïna Utzmann
« La manière dont nous nous sommes abordés est très différente du monde virtuel dans lequel nous sommes », convient Mme Utzmann. Après quelques cordiaux échanges au sein desquels ils se découvrent des points communs, en bon gentleman, Nathan Blouin demande s’il peut poursuivre sa marche dans la même direction que la femme dont il vient de faire la connaissance. Elle répond positivement. Devant la connexion naturelle qui s’établit et se confirme peu à peu, la femme d’origine bretonne invite M. Blouin à faire un feu dans sa cour arrière. Bien que le feu ne prenne jamais vie sur les bûches disposées à cet effet, c’est plutôt dans leurs regards que la braise s’installe, laissant place à des flammes mutuelles. Deux heures s’écoulent et la complicité fleurit au rythme des mots qui sont partagés. Six semaines plus tard, le duo souligne sa première Saint-Valentin, issue de cette rencontre fortuite sur une toile de fond pandémique. « S’il n’y avait pas eu le confinement, on ne se serait pas rencontrés », conclut Maïna Utzmann à ce sujet.
Briser le couvre-feu
Aux yeux de certains, cette rencontre n’aurait pas dû avoir lieu et serait même condamnable. « S’aérer l’esprit, c’est prendre soin de sa santé mentale. Dans une période où il y a un couvre-feu et un confinement, il est facile de se retrouver perdu entre quatre murs de son appartement », justifie Nathan Blouin quant à ne pas respecter le couvre-feu ce soir-là. « C’est agréable de voir quelqu’un qui ne se limite pas aux directives gouvernementales et qui prend soin de soi malgré ce bris de couvre-feu », confie l’homme trentenaire. « C’est peut-être très égoïste, mais j’ai pensé à ma santé mentale et à celle de mon fils avant le monde entier. Si, nous, on la perd, cette santé mentale, qui va s’occuper de nous? », questionne Mme Utzmann.