Un Plan d’action pour mettre un frein au déclin de la langue française
Le député de Chambly et ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, est revenu sur quelques-unes des mesures du Plan d’action déposé la semaine dernière visant à freiner, à arrêter et à inverser le déclin de la langue française au Québec.
Les données présentées par Statistique Canada dans le recensement pour l’année 2021 ont démontré clairement que l’usage de la langue française est en recul constant au Québec. De plus, les données de Statistique Canada dénotent une croissance de l’utilisation de l’anglais au Québec.
« Le soutien à la découvrabilité des contenus francophones doit être renforcé. » – Jean-François Roberge
Le Plan d’action découle du Groupe d’action. Il est composé de M. Roberge et de cinq ministres responsables de missions liées à la langue française. Des investissements de 603 M$ auront pour objectif de mettre en œuvre les priorités et les mesures présentées par ce groupe. Ils seront échelonnés sur une période de cinq ans.
Améliorer la maîtrise du français
Au total, 64,9 M$ des investissements seront consacrés à améliorer la maîtrise du français des élèves et des étudiants québécois. Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, reverra entièrement le programme de formation en français, de la première année à la cinquième secondaire. Un angle culturel teintera le nouveau cursus. « On souhaite utiliser l’enseignement pour s’approprier la culture québécoise. Quand on apprend le français, on peut utiliser des textes de chansons d’Ariane Moffatt ou de Daniel Bélanger. On peut utiliser des dialogues de nos pièces de théâtre ou de nos œuvres cinématographiques », donne pour exemple Jean-François Roberge.
Il est également question de sensibiliser à la lecture les élèves québécois et de soutenir l’accès aux livres québécois dans les écoles. Il n’est pas rare, sur les réseaux sociaux, de voir des enseignants faire la demande à la population de dons de livres pour leurs classes, faute de budget. Jean-François Roberge mentionne que 300 $ récurrents s’ajouteront, par classe du primaire, spécifiquement attribués à l’achat de livres québécois. « La mission de l’État, de donner accès à de la littérature francophone/québécoise dans les milieux scolaires, a été abandonnée par le désinvestissement du Ministère dans ce domaine. Nos réserves sont les mêmes : s’assurer que les ressources financières et humaines sont au rendez-vous. C’est beau d’avoir des livres en masse dans les établissements. Encore faut-il du personnel en mesure de les rendre accessibles », met en garde Jean-François Guilbault, président du Syndicat de Champlain, qui salue tout de même l’initiative.
Tableau de bord
Le gouvernement dit vouloir suivre de près l’évolution de certains indicateurs de la situation linguistique au Québec. Pour ce faire, il mettra en place un tableau de bord dont les points saillants faciliteraient « le pilotage ainsi que le suivi de la vitalité de la langue française au Québec ». Les indicateurs, qui seront dévoilés ultérieurement, traiteront de différentes thématiques : l’utilisation des langues, notamment dans l’espace public et au travail, la langue de consommation des produits culturels, de même que la francisation, l’immigration et l’enseignement supérieur.
En partenariat avec l’Institut de la statistique du Québec, une étude sur la situation linguistique sera réalisée annuellement. Les résultats seront rendus publics chaque année. En tout, 18 M$ des investissements sont liés à ce segment.
Augmenter l’offre culturelle
Jean-François Roberge constate que la culture anglophone, particulièrement étatsunienne, est omniprésente et attirante pour le public, notamment les jeunes. Le Plan d’action soutient vouloir augmenter l’offre culturelle francophone et son accessibilité. Cela passerait par l’amélioration des conditions de production et de rayonnement des œuvres audiovisuelles québécoises. Il est aussi question de favoriser la lecture d’œuvres littéraires québécoises et francophones. Le gouvernement entend agir pour augmenter l’offre de contenus culturels francophones, principalement produits au Québec, et accroître leur rayonnement. « Ça peut être autant des séries télévisées que de la musique », avance M. Roberge.
Positionner le contenu numérique
L’augmentation de la disponibilité, de l’accessibilité et de la mise en valeur de la culture québécoise francophone, particulièrement sur les plateformes numériques culturelles, représente un « défi important », affirme M. Roberge
Selon l’enquête de l’Académie de la transformation numérique (ATN) de 2022, le quart des adultes québécois sont abonnés à au moins trois plateformes payantes de visionnement en ligne, telles que Netflix, Disney+, Apple TV+ ou Prime Video, où les contenus québécois sont pour ainsi dire invisibles. Les plateformes numériques des diffuseurs québécois comme Tou.TV, Illico et Crave, notamment, représentent une infime part du marché. « Le soutien à la découvrabilité des contenus francophones doit être renforcé et le milieu culturel doit être mieux outillé pour atteindre le plein déploiement et le rayonnement de la culture québécoise francophone dans l’univers numérique », avance M. Roberge.
Pour augmenter l’offre culturelle ainsi que son accessibilité sur les plateformes numériques, 187,3 M$ seront utilisés.