Finances des athlètes : l’envers de la médaille

Au cours d’une entrevue avec le journal à se remémorer leur parcours olympique et à raconter leurs expériences, les athlètes Jacqueline Simoneau, Myriam Da Silva et Rachel Leblanc-Bazinet se sont confiées sur leur réalité financière et sur l’importance des initiatives telles que Can Fund #150Women pour soutenir les athlètes féminines.

La nageuse artistique Jacqueline Simoneau et la boxeuse Myriam Da Silva ont reçu respectivement des bourses du Can Fund #150Women  d’une valeur de 6 000 $.

Une belle surprise

« Je donnais une conférence à distance à des élèves d’une école à Granby, et à la fin de ma conférence, lors de la période des questions, les enfants se sont présentés avec un sac à dos rempli de billets du jeu Monopoly pour m’annoncer que j’étais récipiendaire d’une bourse. C’était vraiment magnifique et ça m’a émue », a raconté Jacqueline.

« Moi, j’ai toujours appliqué pour les bourses du #150Women, et de recevoir un montant m’a fait chaud au cœur en tant qu’athlète et en tant que femme », relate Myriam, qui a appris la nouvelle quatre jours avant son départ pour Tokyo alors qu’elle était en camp d’entraînement à Vancouver. « Je n’ai donc pas eu beaucoup de temps pour partager ma joie, mais je suis très fière de faire partie des récipiendaires du #150Women, et je compte bien le faire savoir. »

« Les gens ne le savent pas, mais nous prenons la majeure partie des frais de compétition en charge. » – Rachel Leblanc-Bazinet

Des dépenses importantes

Pour Rachel, qui bénéficie d’un soutien financier grâce au programme d’aide aux athlètes mis en place par le gouvernement, « Recevoir des petites bourses surprise comme ça nous permet de respirer, parce que c’est vraiment dispendieux de performer. Les gens ne le savent pas, mais nous prenons la majeure partie des frais de compétition en charge. Cela fait de grosses dépenses. En haltérophilie, on compétitionne en Thaïlande, en Asie, etc. On prend deux semaines de congé au travail et on paie tout de sa poche.  On parle de frais de 15 000 $ par année, à multiplier par quatre parce qu’il y a les qualifications olympiques », observe l’haltérophile.

« Le championnat du monde, c’est 4 000 $! Et en plus, on s’absente du travail pour aller compétitionner », d’ajouter Myriam, qui en parallèle de sa carrière sportive, est enseignante en adaptation scolaire à l’école secondaire Antoine-Brossard. « Pour bien illustrer les dépenses, c’est comme si on renonçait à s’acheter une voiture neuve par année pour faire plutôt le choix de participer aux compétitions. C’est un choix de vie. Ce que je choisis de faire, je le fais avec passion et j’essaie d’être un moteur de changement, un modèle de persévérance et une source d’inspiration dans la société. On a toutes cette même mission, je pense. Les ressources psychologiques aussi coûtent des sous, et aident à mieux se relancer après une déception. Le soutien financier est donc vraiment un soulagement et nous aide pendant les compétitions, mais aussi après. »

Le Can Fund #150Women

Les bourses de 6 000 $, qui servent à financer les activités, entraînements et compétitions des athlètes féminines, sont remises par la fondation Canadian Athletes Now, dans le cadre de la campagne Can Fund #150 Women organisée par l’organisme. Moins connu des francophones, le mouvement Can Fund #150Women permet aux donateurs de remettre une somme d’au moins 150 $ à l’athlète féminine de leur choix. Il s’agit d’une initiative de l’ex-athlète canadienne Jane Roos, fondatrice de Canadian Athletes Now, et dont la carrière en athlétisme s’est terminée de façon abrupte lorsqu’elle avait 19 ans, en raison d’une blessure causée par un accident en 1988. Depuis, elle se consacre à aider financièrement les sportifs de carrière au travers de son organisme, et des différents programmes associés. Dans le cas de Can Fun #150Women, ce sont des centaines d’athlètes féminines qui ont bénéficié, une fois de plus cette année, du soutien des donateurs, un peu partout au Canada. « Le fait d’avoir enchaîné les compétitions d’hiver et d’été sans prendre de pause pendant une année au cours de cette pandémie, et d’avoir à ce jour 850 athlètes inscrites au programme (paralympiques y compris), justifie aujourd’hui un besoin exponentiel de soutien financier pour les sportives », a indiqué au journal Christine Roper, olympienne impliquée au sein de l’organisation.

La recherche de commandites

Si les bourses leur sont d’un grand soutien, les trois olympiennes avouent être aussi à la recherche de commandites puisqu’elles sont loin de pleuvoir. « S’il y a des commanditaires dans Chambly qui veulent me commanditer, je suis preneuse! », lance Myriam dans l’univers. « Il est difficile de trouver des commandites, comme le mentionne Myriam. Nous avons un budget mensuel pour nous nourrir et entretenir des besoins de base, mais le sport de haut niveau coûte cher, ne serait-ce qu’avec les compétitions. Alors lorsqu’on nous annonce qu’on nous offre une bourse du Can Fund, c’est d’autant plus réconfortant et c’est vraiment une belle surprise », de conclure Jacqueline.

Montage et réalisation : Chloé-Anne Touma