Le canal est ouvert sur le lieu historique national du Canal-de-Chambly

Les samedi 18 et dimanche 19 mai marquaient la première fin de semaine d’ouverture du canal de Chambly aux plaisanciers. 

« C’est toujours une période de fort achalandage des usagers du canal de Chambly. Les plaisanciers ont hâte de retrouver leur port d’attache estival aux États-Unis, à Montréal ou encore le long de la rivière Richelieu. Cela a toujours été comme cela », indique au journal Sébastien Noël, gestionnaire des relations externes et de l’expérience du visiteur à Parcs Canada.

En 2020, Parcs Canada a enregistré un gros creux dans la fréquentation de ses écluses, mais des chiffres assez stables sont réapparus dès l’année suivante. « Le canal de Chambly n’a pas trop souffert. En 2019, nous étions à 1504 passages, et pour l’année 2023, nous en sommes à 1313. Il faut dire que l’an dernier, nous avions eu un été très pluvieux. »

Attractivité

Parcs Canada, pour inviter les plaisanciers à profiter au maximum de leur trajet d’écluse en écluse, propose pendant toute la période estivale des activités sur les berges, souvent avec la collaboration de ses partenaires que sont les municipalités.

« Le canal de Chambly est une source non négligeable de retombées économiques pour la région et la communauté. Les sommes facturées aux plaisanciers ne couvrent pas l’ensemble des frais pour l’entretien d’un lieu historique comme ce que représente le Canal-de-Chambly, mais c’est le mandat de Parcs Canada de lui donner sa valeur culturelle », de préciser M. Noël. 

Coût d’éclusage, frais d’amarrage sur le canal pendant la nuit, tarif des événements organisés sur les terrains de Parcs Canada aux abords des écluses « Tout est réinvesti pour la conservation des lieux. »

Le saviez-vous?

La construction d’une voie navigable reliant le lac Champlain au bassin de Chambly a été autorisée au 19e siècle afin d’éviter les portages à cause des rapides de la rivière Richelieu. Bien que le gouvernement du Bas-Canada permette la construction de cette voie dès 1818, des difficultés surgissent et ce n’est qu’en 1831 que débutent les premiers travaux. Ceux-ci se terminent en 1843 par l’ouverture du canal de Chambly sur tout son parcours.

Au pic et à la pioche

En 1829, le gouvernement du Bas-Canada confie le projet de construction du canal à des commissaires superviseurs, tous des gens d’affaires de la région du Richelieu. Le 5 septembre 1831, les commissaires du canal accordent le contrat de construction à un groupe d’hommes d’affaires formé d’Américains et de Canadiens, dont les frères Andres de Chambly.

La construction du canal débute aussitôt. Mais en 1834, les travaux sont interrompus en raison de problèmes financiers. En 1841, les travaux reprennent pour se terminer en 1843. Pendant ces années de dur labeur, on estime qu’entre 500 et 1 000 hommes ont travaillé à la construction du canal sans l’aide des machines à vapeur.

Il y a d’abord les terrassiers, ceux qui creusent la terre, dont les outils sont le pic, la pelle et la brouette. Aux terrassiers s’ajoutent les artisans spécialisés comme les maçons, les forgerons et les charpentiers. Enfin, il y a les hommes de chevaux. En une journée, quatre terrassiers peuvent excaver en moyenne de 3 à 4 verges cubes de pierre (2,30 à 3 mètres cubes) ou de 6 à 7 verges de glaise (4,60 à 5,35 mètres cubes). C’est un travail exténuant!

Les conditions de vie des ouvriers, majoritairement immigrants, sont plutôt difficiles. Au début de la construction du canal, ils travaillent 12 heures par jour, de 5 heures à 19 heures.

Une heure est allouée pour le déjeuner, une autre pour le dîner. À partir de 1840, toutefois, les ouvriers travaillent 10 heures par jour, de 6 heures à 18 heures.

Les travailleurs logent dans des baraques de 12 pieds sur 12 pieds (14 mètres carrés), fournies par les entrepreneurs. Ils s’y entassent à 12 par baraque. En plus de défrayer un loyer aux entrepreneurs, les ouvriers sont payés avec des bons encaissables essentiellement dans les magasins dont les entrepreneurs sont propriétaires. Ce système provoque de nombreux différends. Les ouvriers se plaignent des prix trop élevés exigés pour les produits et articles. Des affrontements ont lieu. Malgré tout, le 9 juin 1843, un premier bateau emprunte le canal : le steamer Québec, transportant une cargaison de lard, quitte Saint-Jean et fait route vers la capitale.

Aujourd’hui, le canal est exclusivement réservé aux embarcations de plaisance.