Les olympiennes en visite

Revenues des Jeux olympiques (JO) de Tokyo 2020, Myriam Da Silva (boxe), Rachel Leblanc-Bazinet (haltérophilie) et Jacqueline Simoneau (natation artistique), olympiennes de la région, ont fait une escale au Journal de Chambly.

C’est dans le cadre d’une entrevue lancée en direct sur la page Facebook du journal que les trois sportives se sont prêtées au jeu. Elles faisaient partie des 371 athlètes canadiens dépêchés à Tokyo. Du groupe, 225 femmes et 146 hommes, une marge plutôt frappante à première vue. À savoir comment expliquer cette statistique, les hypothèses de commanditaires s’associant plus qu’avant aux femmes ou des réseaux de diffusion faisant plus de place aux femmes que par le passé ont été soulevées. À ces hypothèses, les trois femmes se sont esclaffées. « Les quoi? S’il y a des commanditaires à Chambly qui veulent me supporter, je suis là! », a poussé en riant naturellement Myriam Da Silva. Rachel Leblanc-Bazinet a abondé en ce sens également. Elle ajoute une explication pouvant justifier cet écart entre les genres. « Je pense que le bassin d’hommes est tellement immense que c’est difficile pour les canadiens de se démarquer sur la scène internationale versus les femmes où le niveau est plus équitable parce que le sport s’est développé partout dans le monde, en même temps. » Elle pointe le fait que, pour les hommes, dans sa discipline qu’est l’haltérophilie, la compétition vient principalement de l’Asie et de l’Europe de l’Est car, plusieurs sports y ont été développés depuis plus longtemps qu’ici. « Tandis que les femmes, ça s’est développé dans les années 80, partout en même temps », complète-t-elle.

Des inspirantes inspirées

Elles sont maintenant des modèles inspirants pour la jeunesse, particulièrement pour des filles à qui l’on aura inculqué à bas âge l’image que l’haltérophilie ou la boxe ne sont pas des disciplines dites ‘’féminines’’. Avant d’inspirer, ces sportives élites ont été inspirées. Kyle Shewfelt, gymnaste, est le premier canadien de l’histoire à avoir obtenu une médaille d’or en gymnastique lors des Jeux olympiques. Il est le nom qu’a spontanément nommé Jacqueline Simoneau. Celui-ci a été jumelé à la nageuse chamblyenne à titre de mentor en 2013. Avec le temps, l’association initialement sportive s’est métamorphosée en grande amitié, malgré la distance qui les sépare, de Calgary à ici. « Il m’a beaucoup aidé. Pas dans l’éthique mentale de mon sport mais bien sur la façon de jumeler la vie normale, le études et le sport. Comment faire pour atteindre l’équilibre », exprime-t-elle avec reconnaissance.
De son côté, Myriam Da Silva cible en premier lieu un alliage d’événements et d’humains qui, à tour de rôle, l’ont mené où elle est maintenant. Myriam Bédard, triple médaillée olympique en biathlon, a éveillé la boxeuse alors toute jeune qui voyait une championne porter le même prénom qu’elle. Marc-André Moreau est un skieur acrobatique chamblyen. Il a été une démonstration tangible pour elle que c’est possible d’y arriver. Mais la boxeuse finit par nommer plus spécifiquement Danielle Bouchard, reconnue comme étant la pionnière en boxe féminine. « Quand elle devient ton entraîneuse, c’est inspirant. Dans les difficultés, elle est un rappel de par sa réussite que je peux réussir. Elle était un modèle bien avant de devenir mon entraîneuse », partage avec enthousiasme l’enseignante en adaptation scolaire.

Rachel Leblanc-Bazinet renchérit du même pas. Ayant fait de la gymnastique de haut niveau, l’envie de se tourner vers le hockey lui a prise éventuellement, coïncidant avec l’entrée du hockey féminin aux JO. « Les barrières entre les sports féminins et masculins commençaient à tomber. Ça m’a forcé à sortir du moule. En voyant des filles performer dans un sport de gars, ça m’a motivé à continuer sans me poser de questions. »

Des sports entachés

Les disciplines de l’haltérophilie et de la boxe olympiques ont fait l’objet de divers scandales. Il y a deux ans, l’Association internationale de boxe amateur (Aiba) s’est vu retirer l’organisation du tournoi olympique par le Comité international olympique (CIO). Une première pour une fédération mondiale, devenue incapable d’organiser son propre sport aux JO. Quant à la Fédération internationale d’haltérophilie (IWF), 10 M$ de corruption visant à camoufler des échantillons positifs ont fait en sorte que le CIO a menacé de revoir la place de ce sport aux Jeux de Paris, en 2024. « À chaque Olympiques, on est sur la corde raide. Et même si les quotas de participation diminuent et qu’on tente de rendre notre sport propre, qui écopent? Ce sont les athlètes propres. On n’est pas capables de se battre contre des athlètes dopés. Autant que les athlètes sont dopés, autant que les présidents de fédérations sont corrompus », se résigne Mme Leblanc-Bazinet. De son côté, pratiquant un sport nécessitant la subjectivité humaine, Myriam Da Silva remet en question, quant à elle, la partialité des juges.

L’après-carrière

Une carrière sportive se termine tôt relativement à l’humain moyen. Annie Pelletier, médaillée aux JO d’Atlanta avait mentionné au journal que des athlètes ont sombré dans une profonde déprime, allant jusqu’à commettre l’irréparable, quand le sport prenait fin et que rien ne les attendait pour le long segment de vie restant. À cet effet, les femmes mentionnent que l’Institut national du sport du Québec (INS) leur a passé un coup de fil à leur retour des Jeux afin de s’enquérir de leur emploi du temps, de leur entourage, dans quel état d’esprit elles se trouvaient, etc. De l’institut, découle le programme Plan de match qui vise à aider les athlètes des équipes nationales à vivre une vie meilleure et bien remplie, assurant une transition avant la fin de la carrière sportive. « Mais même si tu te prépares pour l’après Olympiques, je ne crois pas que tu puisses être vraiment prête », avoue en terminant l’haltérophile native de Richelieu.

Les trois athlètes parlent d’inspirations. (Montage : Chloé-Anne Touma)