L’importance de développer son personnage à la lutte

Le lutteur Pierre-Carl Ouellet (PCO) sera à Chambly dans le cadre du gala du 22 juin, au Marius La Taverne, au profit de la Maison Stéphane Fallu.

Si la force des personnages fait partie du succès d’un film ou d’une pièce de théâtre, il en va de même pour la lutte. 

La Fédération TNA Wrestling tiendra son événement de marque annuel Slammiversary le 20 juillet à l’auditorium de Verdun. PCO reviendra en force avec son nouveau personnage The French Canadian Frankenstein. En parallèle, les lettres « PCO » sont devenues « The Perfect Creation One ».

C’est en s’entraînant sous l’aile de Michel Roy, Mike The Destroyer, maître en compétition de bras de fer, que le personnage de Frankenstein est né. « Il (Michel Roy) a regardé ma démarche et m’a dit «Toi, t’es Frankenstein» », raconte PCO. Depuis, Michel Roy joue le rôle du Dr Destro, qui le réanime à l’électricité à chaque gala. PCO souligne que la création du personnage est l’aspect le plus important. « Tu peux être le meilleur lutteur au monde, si tu n’as pas de personnage, tu deviens un parmi tant d’autres. Il y a une panoplie de bons lutteurs techniques. En bout de ligne, c’est le personnage qui fait que les scripteurs peuvent écrire des histoires », convient PCO.

Le 22 juin, à Chambly, le public pourra voir à l’œuvre Geneviève Lacasse. La femme de 42 ans combat sous le nom de Sweet Cherry. Le personnage énergique aime communiquer et être volubile avec la foule. « Dans ma vie personnelle, je suis assez timide. Quand je sors du rideau, je suis l’opposé. J’ai vraiment besoin de ça. Ça m’a aidée dans ma vie personnelle pour sortir ce que j’ai en dedans », explique la femme, qui regardait la lutte à la télévision dès son jeune âge.

Alandra Frenette sera aussi présente lors du gala se déroulant au Marius La Taverne. Elle luttera dans la peau de la Sensationnelle Alexia. « Alexia est une jeune fille très agressive qui se croit vraiment supérieure. Elle n’a peur de rien et se proclame sensationnelle », définit la femme de 26 ans. À travers ce personnage, elle visite le « côté sombre » de sa personnalité. C’est à l’âge six ans qu’elle a vécu sa première expérience de lutte. Frustrée de voir son père se faire tabasser lors d’un combat de lutte, elle a franchi la clôture sans permission pour venir au secours de son paternel.

En 25 ans de carrière, Geneviève Lacasse remarque que le nombre de femmes a augmenté au sein de la lutte. Elle soutient qu’il est désormais possible de monter un gala de lutte exclusivement féminin. « On essaie d’échapper aux stéréotypes des filles sexy. On est là pour combattre. On a montré que l’on peut lutter aussi solide que les gars. On a brisé les barrières et je suis fière d’y avoir mis mon grain de sel », déclare-t-elle. 

Chorégraphier un combat

Pour mettre en scène un combat, PCO parle de l’art de raconter une histoire qui saura mettre le spectateur en haleine. « Tu veux lui faire vivre une gamme d’émotions. Il va décrocher de son quotidien et embarquer dans l’histoire », dit PCO, qui compare métaphoriquement un combat de lutte à la vie. « Tu veux donner une bonne histoire à regarder aux gens pour donner le meilleur show possible », renchérit Sweet Cherry.

Une révélation hâtive

La lutte est entrée tôt dans la vie de PCO. « À 14 ans, mes parents me demandaient ce que je voulais être plus tard. Je répondais que je voulais être champion du monde de lutte professionnelle », relate sans équivoque PCO. Avec ses amis, il a grandi en suivant les Dino Bravo et les King Konga de ce monde. Il est allé voir des galas de lutte avec son père à l’ancien centre Paul-Sauvé, où se sont déroulés de mémorables événements de ce genre. 

À l’époque, il s’est formé en la matière aux réputés Loisirs Saint-Jean-Baptiste. PCO est catégorique, la base de la lutte, c’est d’apprendre à chuter. « Bien tomber, de façon spectaculaire, sans se blesser, c’est un art », affirme-t-il. Développer l’arsenal de mouvements et apprivoiser les entrées dans les câbles suivent.

Il a lutté en Alberta et au Nouveau-Brunswick. Il a « mangé son pain noir » et a vécu des moments difficiles. « C’était beaucoup d’échecs au départ. Ça a formé mon caractère et mon désir de réussir », rappelle l’homme. C’est en Europe (France, Angleterre et Allemagne) qu’il s’est fait un nom et a bâti sa confiance. Enfin, à Porto Rico, il a rencontré Jacques Rougeau alors qu’ils luttaient sur le même gala. Le partenariat s’est concrétisé. 

Une carrière qui explose

Sa vie professionnelle a alors pris un autre tournant. Avec Jacques Rougeau, PCO a formé l’équipe The Quebecers, à la World Wrestling Federation (WWF) en 1993, avec qui il a remporté le Championnat du monde par équipes. De conditions de travail difficiles, il est passé aux foules de plus de 10 000 spectateurs, aux hôtels cinq étoiles, aux déplacements en avion et aux paies substantielles. « Il faut s’ajuster, rester humble et groundé sur terre. Tu ne dois pas oublier d’où tu viens », rappelle le sportif.

Il évoque son premier chèque de 20 000 $ pour trois jours de travail. « Mais ce n’est pas vraiment pour trois jours, c’est pour dix ans de travail. Tu l’as travaillé avant cette première paie », nuance-t-il. 

PCO a combattu contre des légendes de la l’industrie de la lutte. Bret « The Hitman » Hart, The Undertaker et Shawn Michaels « The Heartbreak Kid », de puissantes icônes ayant tapissé la lutte des années 90 font partie de la vaste liste.