Mettre de l’avant la place des femmes dans le sport

La joueuse de soccer chamblyenne Élise Allard participe à un projet peu commun qui, notamment, met de l’avant la place de la femme dans le sport.

Le projet en est un pédagogique et, à la fois, il sert à financer la saison chargée de l’équipe U15F PLSJQ de l’Association de soccer de Brossard U15. Les filles produisent un magazine et touchent, au fil de sa création, aux diverses tâches pour sa mise en œuvre. 

À travers des portraits de femmes qui ont réussi à faire leur place dans le sport, de la réalité du chemin qui a été fait ou qui reste à faire dans le sport au féminin en général sur les plans politique et social, les joueuses de l’équipe ont décidé de se transformer en journalistes pour expliquer leur réalité et celle du soccer au féminin.

Dans son cas, Élise a dû recueillir de l’information afin de rédiger des articles. Pour ce faire, avec ses coéquipières, l’adolescente de 14 ans a réalisé des entrevues avec des femmes hautement placées sur la scène sportive québécoise. Felicia Schiro, première femme présidente du conseil d’administration de Soccer Québec, ainsi qu’Isabelle Charest, ministre des Sports, ont fait partie du lot. « C’est vraiment le fun. J’en apprends davantage sur mon sport », confirme Élise. 

CF au féminin 

Élise a également rencontré Julie Casselman, entraîneuse des joueuses du Programme féminin du CF Montréal. « Les joueuses peuvent enfin évoluer au sein de l’académie dans l’environnement d’un club professionnel. J’aimerais peut-être me rendre là. C’est bien que l’on mette de l’avant le soccer féminin », déclare, inspirée, l’étudiante de l’école secondaire de Chambly. 

La publication du magazine est prévue en juin.

Place à faire pour tous

Lysanne Richard, plongeuse de haut vol chamblyenne, a fait sa place parmi l’élite du sport extrême. En 2009, Redbull, qui commandite les événements sportifs auxquels elle participe, a démarré son circuit masculin de plongeon de haut vol.

En 2011, Lysanne Richard a été invitée à une compétition féminine, en démonstration, dans le cadre d’un événement pour hommes. Elle avait alors remporté l’épreuve. « À ce moment, Redbull savait qu’il y aurait des femmes sur le circuit éventuellement », mentionne Mme Richard. Depuis ce temps, les femmes étaient invitées lors de compétitions masculines, toujours en guise de démonstration.

C’est en 2013 que les femmes ont eu leur place, à leur tour, sur le circuit Redbull de plongeon de haut vol. Cette année coïncide avec l’officialisation de la discipline au sein de la Fédération internationale de natation (FINA), dorénavant connue sous le nom de World Aquatics. Ce moment est important, car l’introduction du sport aux Championnats du monde passait par le fait que femmes et hommes y participent. « La FINA est vraiment impliquée pour l’égalité des genres dans les sports », résume Mme Richard.

Lysanne Richard a alors découvert d’autres plongeuses de haut vol de calibre international qui, comme elle, travaillaient en îlot jusque-là. Elle relate qu’en plus de s’entraider entre elles afin de faire grandir la visibilité de leur sport, les hommes les ont chaleureusement accueillies. « On était les bienvenues. Ils ont tout de suite accordé la place aux femmes », avance Mme Richard. Elle fait d’ailleurs une distinction entre les deux genres. « Les plongeons des femmes étaient plus gracieux. L’emphase a été mise sur nos forces. La FINA et Redbull travaillaient pour ne pas que l’on se sente comme un ajout », soutient Mme Richard. Elle nuance toutefois que des diffuseurs ont été difficiles à convaincre en matière de temps d’antenne.

« On se battait contre personne. On se battait pour quelque chose, avec des alliés. Tout le monde trouvait ça logique », résume la plongeuse. 

Moins payées

Lysanne Richard se rappelle qu’au départ, chez Redbull, les femmes étaient moins payées. « On partait du même budget, mais on ajoutait des compétitrices et il fallait le partager », explique celle qui gagnait à ce moment la moitié de ce qu’empochaient les hommes. Lysanne Richard a contribué à changer la situation. En 2020, l’équité salariale s’installait dans son sport. La saison n’a toutefois pas eu lieu en raison de la COVID-19.

Elle estime que les gars n’ont pas perdu en termes de valeur de bourse, mais plutôt en nombre de participants présents lors de compétitions. « Les gars ont fait des compromis. Ils ont perdu des avantages pour nous aider à gagner nos avantages », affirme Mme Richard, qui nomme le mot » parité » relativement à sa discipline.

Documentaire sur des femmes

Lysanne Richard sera l’un des sujets du documentaire ADRÉNALINE N.F. (nom féminin), réalisé par Joanie Gaudreau. Le documentaire suit quatre athlètes féminines québécoises pionnières dans les sports d’action. Cynthia (pilote de Monster Truck), Laurie Blouin (planche à neige) et Annie Guglia (rouli-roulant) complètent le quatuor. « Nous partons du constat que les médias traditionnels couvrant les athlètes féminines sont restés à 5 % depuis 20 ans et que 9 filles sur 10 arrêtent le sport à la fin de leurs études. Nous voulons donc mettre en avant ces athlètes féminines et les présenter comme des modèles et des sources d’inspiration, montrant qu’il est possible de réaliser leurs rêves, même dans un univers dominé par les hommes comme le sport », est-il entre autres écrit dans le synopsis de l’oeuvre. Ce programme devrait être diffusé en mars 2025, possiblement le 8 mars pour la Journée internationale des droits des femmes. Il sera diffusé à Télé-Québec et également en ligne sur le Web.